vendredi 30 novembre 2012

un peu de lecture, pour oublier qu'il faut bosser pour payer le loyer

En ce moment, je lis un bouquin un peu écrit avec les pieds parfois, mais bien intéressant. Il y a différents contributeurs, et le style de certains est fort indigeste, mais leur intervention permet toutefois de se faire une idée (en s'accrochant parfois fort aux branches, il faut le reconnaître) des débats qui pourraient exister sur la question.

La question ? Le travail et son avenir. 

Si certains parmi les auteurs débattent, avec des arguments datés, du partage du temps de travail et des 35 heures (le bouquin n'est pas d'hier, je l'ai attrapé sur l'étal de mon bouquiniste préféré de Saint-Michel), d'autres envisagent déjà la situation dans laquelle nous pataugeons à l'heure actuelle.

Ils questionnent la valeur travail, remettent en cause la notion de plein emploi (une notion toute récente, selon certains auteurs, et surtout héritée des Trente Glorieuses) et se demandent si la façon dont on envisage globalement la chose n'aurait pas urgemment besoin d'un bon coup de brainstorming.

Si l'on en croit les joyeuses conneries qu'on continue à entendre tous les jours, d'où qu'elles viennent, cette urgence n'est pas partagée par tout le monde, loin s'en faut.

Je bouquine quelques pages le midi, dans le centre commercial d'une hideur qui dépasse tout que je suis obligée de fréquenter pour ma pause déjeuner, et ça fait du bien à la tronche, au milieu du flot mainstream, clonique et triomphant qui va et vient de boutique en boutique. 

Parfois au sein de la foule se glissent quelques non-inclus, au look improbable, qui flottent là-dessus comme des grumeaux que rien ne saurait dissoudre, ça fait du bien de les voir, même si je me doute que leur vie n'est pas plus facile que la mienne.


jeudi 29 novembre 2012

Tu devrais être contente d'avoir un boulot, par les temps qui courent...

Le matin, on a droit à un mail agressif, genre « Vous êtes des buses, vous ne faites pas vos chiffres, vous craignez tellement qu'on se demande ce que vous foutez là ». Ça met en jambes pour la journée. 

Si un appel dure un peu trop longtemps, on se fait allumer. Les gens à l'autre bout du fil, et qui appellent pour demander des infos sur leur dossier, râler parce qu'ils n'ont pas eu leurs sous, ne sont pas au courant qu'on doit les expédier en 4,30 minutes.

4,30 minutes pour vérifier leur adresse, leurs numéros de téléphone, leur envoyer leurs codes d'accès, les abonner au service de e-relevés, répondre à leurs questions, leur demander s'ils ont tout compris, verrouiller la conversation en leur demandant si on peut faire autre chose pour eux. C'est là que certains repartent pour une autre question et tu ne peux tout de même pas les envoyer chier. Si ? 

En plus, tu dois leur proposer un contrat de prévoyance, parce que si tu ne fais pas tes chiffres, tu vas te prendre un autre mail dans la journée (en plus de celui du matin où on t'a bien expliqué que tu étais une merde) dans lequel ton managueur développe à quel point tu es vraiment une pure merde, tellement tu as eu d'appels et tu n'as pas fait tes chiffres, pas assez proposé de prévoyance, pas fait de bilans, pas respecté les 4,30 minutes de durée moyenne de communication et les 45 secondes de temps de saisie. 

Pour chaque appel, tu dois vérifier le dossier avec un logiciel très con et fort peu convivial (genre toutes les infos sont soigneusement dissimulées à des endroits improbables et pour les découvrir, c'est un vrai jeu de piste à base de trois milliards de clics), et tout en faisant ça, tu dois en même temps (tu es une merde multitâche) renseigner le logiciel de traçage et indiquer pourquoi le gars t'appelle (il y a des menus déroulants dans lesquels tu peux choisir, mais bien sûr, tous les cas n'ont pas été prévus et on  peut te péter la tête si tu ne choisis pas comme il faut), éventuellement lui envoyer un mail avec un doc à l'aide d'un outil agaçant de lenteur (les documents ne sont bien sûr pas centralisés à un seul endroit, ça serait trop simple, il faut aller les chercher à droite à gauche en haut en bas, et si tu perds du temps, tu te sens devenir la grosse merde qu'on t'a déjà expliqué que tu étais), et puis passer rapidement à l'appel suivant.

Mon temps moyen de communication est d'au moins 6 minutes (je crois que je bats tous les records de merditude !!), je suis rarement à l'objectif pour les propositions de prévoyance, j'oublie souvent de réaliser des bilans (des questions à la noix sur les dossiers, surtout destinées à placer encore et toujours des contrats de prévoyance, ça dure des plombes, un message te signale en début de communication que tu dois le faire, mais si la communication est un peu ardue, tu perds le fil et tu te rends compte que tu as oublié le bilan au moment où tu raccroches et tu dis des gros mots...).

Je crains de ne pas avoir un vrai tempérament de commerciale. Je fais ce boulot pour gagner ma croûte, pas par vocation, les conditions dans lesquelles je l'exerce ne me semblent pas propices à un dépassement de ma compétitivité car je ne suis pas du genre que les coups de pompe dans le cul galvanisent.

Cette semaine, on a déjà eu droit à deux mails de notre managueur, qui nous explique que respecter nos objectifs fait partie de notre fiche de poste (pas eu le temps d'aller consulter cette fiche de poste, moi) et qu'il est lassé de nous rappeler à l'ordre constamment.

Pour nous aider à sortir de notre merde, on a le droit aussi à des doubles écoutes en live : le managueur prend un écouteur et nous flique pendant une communication ou deux. Après, il démonte systématique tout ce qu'on a fait, afin de nous aider à progresser, il paraît. Nos communications sont enregistrées de manière aléatoire. Ces enregistrements sont debriefés par tous les managueurs réunis en aréopage, toi au milieu qui te fais redémonter. Si tu te risques à émettre des objections, il y aura toujours quelqu'un pour te dire que le but de la manœuvre c'est de te faire progresser, alors ne le prends pas mal. 

Tu as tout le temps tort, tout ce que tu fais est nul et sujet à caution, il faut admettre le fait dès le départ, sinon tu risques d'y laisser des plumes. 

Le pire, c'est qu'il n'existe aucune solidarité entre collègues, qu'on ne peut absolument pas faire front, parce que notre boulot, toujours au téléphone, avec 10 minutes de pause le matin et l'après-midi fait qu'on ne peut pas échanger plus de 3 secondes avec les autres galériens qui nous entourent. Cela fait deux jours que je n'ai pas pu prendre mes pauses.

Il y a quelques personnes qui respectent les temps imposés sur le plateau d'appels. Nos chiffres sont affichés à côté de l'entrée et les bad boys sont indiqués en rouge. Il y a finalement assez peu de vert, je trouve, si on tient compte du nombre de rappels à l'ordre et de menaces voilées qui sont censés nous remettre dans le droit chemin. 

Je jette juste un coup d’œil de loin certains matins à ce truc pour constater la persistance du rouge, qui me rassure : je ne suis pas la seule merde, finalement. Certaines de mes collègues se délectent de ces informations, je me demande si elles ont une vraie vie en dehors de ce petit univers étouffant et mesquin dans lequel elles s'épanouissent.

J'ai discuté trois secondes l'autre matin avec une de mes collègues, le matin très tôt avant de commencer à bosser, en prenant le café : j'étais soulagée et elle aussi de partager enfin, si peu que ce soit, ces sales moments, parce qu'au bout d'un moment, le mal-être et la colère, tu te persuades que c'est parce que tu es une merde que tu les éprouves.

dimanche 25 novembre 2012

En parlant de Chinois...

Je me suis gondolée comme une bossue en faisant un tour sur le site (très laid) d'une boîte de pas beaux chez qui j'ai travaillé il y a quelques années.

Cette boîte fait fabriquer la plupart de ses produits (des jouets) en Chine, mais sur son site, elle communique haut et fort sur la Fabrication Française et Européenne des ses produits (les majuscules sont d'origine, ces gens n'ont aucun goût et aucune culture typographique).

J'ai travaillé notamment sur la mise en page de leurs packagings avec la boîte qui gère leur production en Chine, et ça m'étonnerait qu'ils aient rapatrié leurs usines en France et en Europe, on en aurait entendu causer dans les chaumières.

Je serais Chinois, je le prendrais drôlement mal.

L'ami Ricoré a des amis dans la pub

La pub, c'est un univers à part. Un monde protégé plein de gens et de meubles blonds. Une fenêtre ouverte sur la quatrième dimension.

Exemple : ils ont tous les deux trente ans ou à peu près. Ils bataillent pour savoir qui va pouvoir se morfaler le dernier gâteau. Le débat est consistant mais courtois. Monsieur a deux réunions dans la journée et Madame une seule réunion mais avec des Chinois. Monsieur objecte qu'il mérite le gâteau parce que lui sa réunion c'est avec les informaticiens, et c'est pire que du chinois, ah ah ah ! Madame rétorque qu'elle a rendez-vous à 11 h 30 avec la directrice de l'école. Monsieur reconnaît qu'en effet, il ne peut pas lutter et concède le gâteau à Madame. 

Passé trente ans, les pubs c'est toujours pour des couches anti-fuites ou des assurances obsèques, avant vingt ans pour des yaourts ou des gels pour les cheveux, je ne sais pas si c'est révélateur, je constate, c'est tout.

Pour en revenir à cette pub, on est quand même très contents que la dame, malgré son emploi du temps hyper de la ouine, puisse assister à des rendez-vous avec la directrice de l'école de son enfant, ça prouve que dans le monde merveilleux de la pub, on peut gratter quelques heures dans sa journée pour gérer sa vie. Essayez dans la vraie vie et vous allez voir comment vous allez vous faire recevoir par votre boss !

lundi 19 novembre 2012

La tête hors de l'eau

Il me reste 2 mois et demi à tenir !


Dans deux mois et demi, la question ne sera plus « Comment je fais pour tenir ? » mais « Comment on fait pour bouffer ? »

Youpi tralala.

Je viens de faire un tour à droite à gauche pour regarder les annonces de boulot et ça donne toujours autant envie de rigoler massivement. 

De ci de là, des blogueurs s'indignent, communiquent leur désespoir et leur impuissance face à une situation qui nous échappe tellement qu'on se reprend à rire, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire.

Il y a aussi ceux qui ont des solutions intelligentes à proposer. 

Tiens, l'autre jour au Zapping, un type éructait dans une langue étrangère qu'il allait falloir mettre les chômeurs au pas, qu'il était bien fini le temps où on pouvait choisir de travailler ou pas.

Par parenthèse, quelqu'un a-t-il souvenir de cette époque bénie ? Moi pas. J'ai toujours dû travailler pour payer mes factures et mes menus plaisirs, sauf quand je me suis retrouvée sans boulot sans l'avoir choisi, mais je m'égare. 

Ordoncques, le monsieur disait comme ça d'un ton extrêmement convaincu que c'était bien fini la chienlit et le brossage de mouches, qu'il allait falloir que les chômeurs comprennent que s'ils ne travaillaient pas (vous vous rendez compte : un chômeur qui ne travaille pas, mais le monde est devenu une pétaudière !!!), ils n'auraient pas d'allocation et pis c'est tout !

C'est intéressant comme solution, parce que les allocations que perçoivent les chômeurs, c'est encore, jusqu'à preuve du contraire, des sous qu'ils ont cotisés quand ils travaillaient (avant de décider de ne plus travailler, sur un coup de tête et parce que c'est vraiment des inconscients qui ne prennent pas la pleine mesure de la crise.).

En gros, le monsieur fâché remet en cause un principe bien couillon : sur ton salaire, tu cotises à une caisse de solidarité, pour le cas où tu te retrouverais au chômage, parce que les factures, elles, continueront de tomber. Et que donc, lorsque tu te retrouves au chômage (parce que tu l'as bien cherché, vu que le chômeur, c'est jamais qu'un travailleur qui fait sa mauvaise tête), tu es indemnisé avec ces sous.

Comme dirait l'autre, au moment de te prendre tes sous, tout le monde est d'accord, mais au moment où tu passes à la caisse, y'a toujours une dame pointue ou un type convaincu pour te regarder de travers et te demander si par hasard t'aurais pas un peu un fier culot.


Le truc, c'est que les gens qui travaillent, ils en ont assez de cotiser pour les glandus crasseux qui se complaisent dans leur oisiveté et leur incurie, le Nord en a marre de payer pour le Sud, tout ça tout ça. 

C'est sûr qu'au train où vont les choses, les chômeurs se reproduisant comme des lapins (l'oisiveté mère de tous les vices, histoire connue), la crise s'éternisant et se propageant, le marasme s'installant, les caisses de solidarité sont fort sollicitées.  

La solution est lumineuse : faisons cotiser les futurs chômeurs à des caisses de solidarité et puis refusons-leur une prise en charge décente, foutons-les dans la merde, la misère noire et l'indigence, ça leur apprendra à ces trouducs !

Puisqu'on vous dit que c'est la crise, vous croyez quoi ? Qu'on va vous payer à rester devant votre télé dorloter votre petite déprime ? Qu'on va vous laisser vous empiffrer comme des gorets au Leader Price ?
Ha ça non ! 

Une saine révolte monte et gronde dans le pays, les nantis du RSA et de Pôle Emploi n'ont qu'à bien se tenir, le peuple souverain nimbé de lumière est debout ! Citoyens, l'heure est grave, il est urgent et nécessaire, indispensable et salutaire de faire rendre gorge à ces odieux profiteurs qui nous mangent la laine sur le dos depuis trop longtemps et nous narguent avec leurs odieux privilèges. Nous ployons sous le joug mais déjà nous relevons notre front pur vers les cieux céruléens et, le poing dressé face à l'iniquité, l'adversité et toutes ces choses, nous marchons, soulevés par un espoir immense.

C'est con, ça faisait un moment que je n'avais pas écrit sur ce blog, je reconnais que d'écrire des petites conneries, ça détend.

C'est tout, vous pouvez fumer.

mercredi 9 mai 2012

Mes amis les hommes

Ces derniers temps, j'ai eu le bonheur de semer quelques sourires sur les visages de mes connaissances : depuis le temps que je joue les outsiders, il fallait bien que je m'attende à quelques retours de bâton. L'annonce que je me farcis en ce moment un horrible boulot alimentaire a de quoi allumer de fugaces mais ardents sourires qui s'éteignent aussitôt sous mon regard pas dupe du tout.

Enfin punis, les horribles rêveurs qui croyaient qu'ils pouvaient se permettre de jouer les dilettantes (est-ce que je m'amuse, moi ?), les inutiles qui n'ont pas fait de plan sur l'avenir et croyaient qu'ils allaient pouvoir continuer à se la couler douce sans payer la note.

Et comme je suis de la même race que vous, croyez bien que j'attends moi aussi les récits de vos captivantes aventures et que comme vous je me retiendrai de laisser paraître l'immense joie que m'inspirent en sourdine  vos déconvenues. Et j'effacerai moi aussi le plus vite que je peux, mais pas suffisamment rapidement pour que vous ne puissiez en profiter, le lumineux sourire qui tentera d'envahir mon visage.

dimanche 6 mai 2012

Le dimanche soir, l'angoisse me prend. Demain matin, je devrai endosser ma vêture d'employé impersonnelle et performante et chaque fois que je veux aller aux toilettes, placer un  pion rouge (sans doute pour qu'on le voie bien) sur un tableau magnétik pour indiquer que je suis en pause.

Je me demande qui a inventé ce système débile. Je n'ai pas pris de pause vendredi dernier parce que j'avais un peu honte qu'on me prenne pour une débile.

J'ai un peu honte, globalement, de devoir accepter qu'on me quizze, qu'on me surveille et qu'on m'évalue à tout bout de champ. Je me demande parfois ce que j'ai merdé, j'entends parfois que nous sommes pas mal nombreux dans cette situation, à faire des boulots sous-qualifiés, ça ne change pas ma putain de question : un pion rouge pour aller pisser !!!!!??????

mardi 10 avril 2012

Je joue à fond les ressources humaines en ce moment...

C'est fou ce que l'homme peut inventer comme dingueries à l'intention de son prochain, son frère, son semblable. Et c'est encore plus fou comme son semblable y prend goût et applaudit des deux mains. Ou alors c'est juste parce qu'il n'a pas le choix et qu'il faut bien gagner sa croûte ?

En ce moment, j'ai l'immense bonheur de pouvoir gagner ma vie dans un boulot.

Tous les matins, je m'entasse dans une rame surbondée. Il faudrait sans doute augmenter le trafic pour qu'on espère voyager dans des conditions normales, mais on ne sait pas, ils ne font rien, ils ne doivent pas savoir, alors nous, on paie tous les matins plein pot pour se faire transporter comme du bétail et on ne mugit même pas, c'est beau, cette abnégation et cette acceptation de l'inévitable tous les jours recommencées. 

Une fois que je suis sortie de là-dedans, après que quelques camarades de misère m'ont férocement regardée de travers tandis que je leur décochais mêmement le plus noir regard que je pouvais concevoir, histoire de leur faire payer un peu de venir envahir mon espace vital, je fume à toute blinde une cigarette et je me précipite vers l'ascenseur qui me hissera à mon nouvel espace de travail.

Une fois là, je me débarrasse de mon manteau, de mon sac, de tout ce qui pourrait encombrer ma chaise (je n'ai pas de bureau fermé, je travaille en open space et il est strictement interdit d'encombrer l'espace).

Je me connecte avec mes identifiants sur l'ordinateur qui m'est alloué pour accomplir ma tâche quotidienne, puis je rentre mes codes pour pointer sur mon ordinateur, puis je lance le logiciel que je vais utiliser pour tracer mon propre travail. Il faut qu'on puisse savoir ce que je fais toute la journée.

Chacune de mes tâche est identifiée et chronométrée. La personne qui supervise  ma formation trouve que je ne vais pas assez vite pour identifier les appels et passer d'un logiciel à l'autre pour récupérer les infos que je recrache ensuite à mon correspondant.

Ils sont sympas en général, mes correspondants, mais il ne faut pas que je perde de temps avec eux, parce que sinon, mon temps moyen de communication va exploser et je me ferai taper sur les doigts.

De même, il faut qu'entre chaque appel, je perde un minimum de temps. Il faut donc que je note le plus rapidement possible dans les cases destinées à cet effet les raisons de l'appel et la réponse que j'y ai apportée.

Pour m'aider, un informaticien a programmé des réponses toutes faites que je n'ai qu'à choisir dans un menu déroulant. En cas de besoin, je peux compléter. Sans trop m'étaler non plus, sinon je vais exploser mon temps de saisie et la personne qui supervise ma formation va me faire les gros yeux.

Il faut que je réalise certaines tâches un nombre déterminé de fois dans la journée. En général, il s'agit de placer des produits ou de récupérer certaines informations ou d'inciter mon correspondant à opter pour la dématérialisation des informations qui le concernent. 

Je fais de mon mieux mais je ne remplis pas vraiment mes objectifs en ce moment. Je ne maîtrise pas encore les outils que je dois utiliser ni toutes ces infos que je dois digérer et m'approprier. Mes collègues m'encouragent : elles sont toutes passées par là et avouent que c'est resté un mauvais souvenir pour elles.

La personne qui supervise ma formation me trouve lente et un peu stupide parce que je ne retiens pas tout ce qu'elle me dit. Elle est jeune, elle a une peau bien nette et bien lisse. Je sens que ça va finir par l'agacer vraiment profondément. Déjà, elle rive son œil sur moi dès que je ne prends pas un autre appel tout de suite après avoir raccroché (je n'arrive pas encore à parler aux gens et à tracer leur appel en même temps, mais ça va bien finir par venir, c'est ce que m'assurent toutes mes collègues). 

Une collègue qui est arrivée en même temps que moi a l'air de vraiment mieux s'en sortir que moi. Elle me dévisage parfois avec froideur. C'est le genre sec et ricanant, tout laisse à penser qu'elle a un grand avenir devant elle.

En ce moment, c'est marrant, je déteste un peu les informaticiens...

vendredi 16 mars 2012

Je devrais moins écouter la radio...

Ces derniers temps à la radio, les journalistes en ont assez qu'on les accuse de tous les maux et renâclent contre le vent de populisme qui déferle, c'est honteux, sur notre beau pays. 

On conspue les élites, on tire à boulets rouges sur les riches, on accuse les chômeurs de tous les maux, enfin, bref, les Français s'entredéchirent et se vilipendent à tour de bras.
Et savez-vous bien que le vote extrême est fort répandu chez les jeunes des couches populaires, ces non-diplômés qui forment les rangs des futurs chômeurs ou des futurs esclaves ? 
Les journalistes trouvent ça ballot et les chiffres les alarment.

Sauf que lorsqu'il faut demander leur avis à la jeunesse, ils ne la demandent jamais à ces jeunes-là, mais de façon assez surprenante toujours à des jeunes qui font des écoles ronflantes et sont destinés à devenir les maîtres du monde. 
Il sera toujours dit qu'un jeune qui fait Sciences po a plus de choses intelligentes à dire qu'un jeune qui ne l'a pas fait, qu'un fils de bourgeois aura toujours un avis éclairé comparé à un fils de prolo qui, c'est bien connu, ne s'intéresse pas à la politique et sait à peine aligner trois mots (ils sont pourtant tous deux allés à l'école de la République, cherchez l'erreur !).
Entre autres choses croquignolettes que ces jeunes à l'avis éclairé peuvent exprimer, ceci, à propos de la surreprésentation des fils de bourgeois dans les grandes écoles et dans les filières réservées à l'élite de la Nation, fièrement articulé par un jeune futur radiologue : « Les jeunes des classes populaires s'autocensurent. »

L'autocensure, je n'y avais pas pensé.
On m'avait déjà fait le coup des complexes
(« Les gens des classes inférieures ont des complexes qui les empêchent de se projeter dans des destinées grandioses, on se demande bien pourquoi, franchement ! »), mais pour l'autocensure, heureusement que ce sympathique futur soignant a éclairé ma lanterne,  parce que je n'y aurais pas pensé toute seule.
Dans mon CES de prolétaire banlieue, ils devaient avoir bien compris à quel point on était versés dans l'autocensure, parce que dès qu'un élève avait des résultats moyens, on lui proposait un avenir riant de technicien de surface et on nous promettait dès la sixième des voies de garage.

Les élèves assez dingos pour briguer des orientations un peu ambitieuses étaient gentiment priés de réviser à la baisse leurs aspirations : vu qu'ils allaient de toute façon avoir une vie de merde, pas la peine qu'ils se fassent des illusions. 
Quant aux élèves brillants, ils étaient plutôt vus comme des problèmes sur pattes et déclenchaient la suspicion et la méfiance.
Les parents qui n'avaient pas trop envie de voir leur progéniture finir à la casse avaient intérêt à ne pas prendre pour argent comptant les décisions des conseils de classe et à drôlement se remuer le Q. 

Les choses n'ont pas beaucoup changé et, sous couvert de discours bien pensants, la reproduction sociale et la ségrégation vont bon train, et l'école y prend toute sa part. 

Les médias sont envahis de fils à papa qui n'ont jamais entendu parler d'autocensure et qui, sans complexe aucun, nous assènent quotidiennement des preuves de leur belle santé morale et psychologique en nous décrivant leurs affres et malheurs ou les affres et malheurs de leurs semblables. 

Mais qui est responsable du bordel ambiant ? Ces salauds de pauvres qui s'autocensurent et ne veulent rien comprendre à rien. Ces salauds de pauvres qui - au lieu de rester gentiment à leur place sans moufter à siroter leur pinard de merde - votent mal, votent méchant. 

Ces salauds de pauvres que ceux qui prétendent aujourd'hui défendre leurs intérêts prendraient le même plaisir à tondre et à traiter comme des larbins si l'occasion de montrer de quel bois ils se chauffent leur était enfin donnée...

jeudi 15 mars 2012

Coup de balai à la radio !

J'ai épousé un monsieur qui vient d'une famille dans laquelle on écoute beaucoup la radio. Comme je suis moi-même une grande malade (mais j'avoue que la mère de mon mari bat tous les records, je crois qu'il y a une radio dans chaque pièce dans sa maison et qu'elles sont parfois toutes branchées en même temps, non, je rigole...)...

Tout ça pour dire qu'on est des gros auditeurs et qu'on est surtout branchés sur France Inter, genre on n'aime pas trop les autres radios (toute une éducation : ma belle-mère prétend même qu'elle ne reçoit pas TF1, c'est vous dire...).

Bref, on a des dégoûts avérés et parmi l'un d'eux, la phobie assez intense de la pub radiophonique. 

Il y a des gens qui prétendent qu'il en existe des rigolotes. Je dois dire que je suis très hermétique à leur beauté et que ça a tendance à me déchiqueter les oreilles. 

Sur France Inter, faudrait juste qu'ils songent à se débarrasser des deux comiques qui ne font pas rire et qui font de la pub (on ne les entend pas trop en ce moment, ça fait des vacances). 

Il faudrait aussi qu'ils se débarrassent des comiques qui sévissent dans l'émission d'Isabelle Giordano, voire de toute l'émission, allez, zou, du balai ! 

Normalement, on évite à cette heure-là de se brancher sur le poste, on a testé et c'est pas pour nous, c'est sûr. Mais bon, ce matin, on se préparait pour aller se balader et on avait allumé la radio comme on fait tout le temps, parce qu'on est des gros malades addicts. 
Et on a eu droit à un léchage de toute beauté de Virginie Ledoyen (« Elle sait tout faire, même des documentaires, Virginie Ledoyen », bêlait Isabelle Giordano, toute transie et stupéfiée). 

Et hop ! Rire général ! 

Après ils ont flingué Eva Joly (c'est à la mode en ce moment, il faut rire d'Eva Joly, elle a des lunettes rouges, un accent étranger et elle ne décolle pas dans les sondages, c'est fort drôle !). Comme on n'est quand même pas masochistes, on les a interrompus dans leur allégresse tonitruante et on a changé de radio et on n'est revenus sur France Inter que pour le jeu des 1 000 euros et on n'a même pas trouvé toutes les réponses !

mardi 13 mars 2012

Journée bien intense

Levée tôt, pleine de bonne résolutions : faut se bouger, faut se bouger, faut se bouger !
Déjeuner avec l'enfant, envoyage de l'enfant au collège (traîne la patte, râle, souffre, tire la gueule face à sa mère impassible), douche puis réfection de la devanture (teinture des cheveux car racines franchement apparentes), décidage d'allage dans une boîte d'intérim. Coup de fil : le monde du travail me propose un CDD pour six mois pour une nouvelle aventure (je n'y croyais pas vraiment).

Du coup, pas d'allage à la boîte d'intérim, sensation bizarre (le CDD commence dans une semaine et je me retrouve donc comme qui dirait en genre de vacances) et décidage de profiter de ces quelques jours de répit.

Cuisinage d'un pâté de pommes de terre (j'ai décidément un gros penchant pour les plats roboratifs...) et nettoyage de mes petites plates-bandes + replantage d'oignons de jacinthe (je ne suis pas très sûre de mes talents de jardinage, mais je ne me mets pas la pression : si je me trompe, il n'y aura pas mort d'homme, alors je tente).

Pas super intéressant comme racontage, mais bon... comme cette journée règle au moins un problème vital (le payage du loyer pour les six prochains mois)...

jeudi 8 mars 2012

Fuck le relooking et les conseils beauté !

Est-ce que vous allez arrêter de vouloir me transformer en « vraie femme » ??!! GRRRRRrrrr

Le nombre de gens qui insistent pour me relooker, ça devient gênant, à la fin !

Je vais vous dire un truc : vous n'êtes pas les premiers à croire que vous allez me sauver la vie en me donnant des conseils que je ne fais même pas semblant d'écouter tellement ça me gonfle...

Vous allez finir par me faire un peu peur ! Je n'ai aucune envie de devenir une vraie femme ! 

C'est quoi ce délire à la base de vouloir me transformer en ce que vous imaginez qu'une femme doit être ?

C'est quoi votre problème avec mon look ?

Laissez-moi tranquille ! Est-ce que je vous donne des conseils sur votre look, moi ? 

Est-ce que je cherche à vous transformer ou à vous rendre plus beaux ? 

Non. Je vous prends et je vous aime (à peu près) comme vous êtes, alors lâchez-moi le panty. 

Merci !

En plus, méfiez-vous, si je me mets à faire la meuf 24 sur 24, vous allez pleurer : je suis une bombe quand je m'y mets !

samedi 3 mars 2012

Finalement, il y a au moins une personne qui en parle...

Merci, Nicole, d'avoir attiré mon attention sur les promesses électorales d'Eva Joly :



Elle propose également des mesures qui tiennent compte de l'existence de la souffrance au travail.





mardi 28 février 2012

La radio sert à informer

Réveil, allumage de la radio, écoutage des nouvelles.

Un Français de moins de 50 ans sur deux aura connu le chômage durant sa vie. C'est pas moi qui le dis, c'est l'INSEE et la dame dans la radio.

Ah bon ? 

Combien de temps les données statistiques mettent-elles à se transformer en réalité pour les ceusses qui traitent les chômistes (un Français sur 2 de moins de 50 ans au moins une fois dans sa vie, ça commence à faire du monde !) de tous les noms et rêvent d'éradiquer par tous les moyens cette population d'assistés qui plombent l'économie mondiale et le moral des ménagères de moins de 50 ans et leur panier moyen ? 

Je reprends ma respiration, elle est très longue, cette phrase, et je pose une autre question dans la foulée : vous trouvez que c'est normal de continuer à nous vendre des semaines de 35 heures pendant lesquelles on se tue au turbin avec l'espoir insensé de ne pas faire partie de la prochaine charrette si on passe bien entre les gouttes et si notre chef vénéré ne pète pas un plomb et si on rit bien à ses blagues nazes, alors qu'on pourrait moins bosser tous au lieu qu'une partie de la population doit crever la misère pour qu'une autre partie remplisse sagement ses devoirs de gentil petit soldat avec la trouille au bide ? 

Aucun des intelligents d'élite qui aspire à nous gouverner ne pose la question, ils rêvent de trouver des solutions pour nous remettre au boulot pour le moins cher possible, mais à part ça, ballepeau, peanuts et fourre-toi le doigt dans l’œil, on croirait qu'on est tous devenus des foutus mongoliens qui rêvons de finir nos jours le dos courbé sur une machine à marner pour 5 euros de l'heure tellement on sera contents d'avoir trouvé un job et tellement le travail est épanouissant ! 

Et c'est à qui nous promettra des lendemains pleins d'heures sup défiscalisées et d'encore plus de course contre la montre, tellement on s'emmerde chez nous avec nos familles et nos amis ! Ils doivent vraiment avoir des vies de merde, je sais pas, ou pas envie de trop voir leur famille (ça peut se comprendre, je juge pas, certaines familles sont vraiment déjantées) mais de là à nous forcer tous à entonner l'air de Le travail c'est la santé, faut pas pousser... 

Et la tronche des gens quand tu dis que tu es au chômage et ton enfant qui n'ose pas le dire à ses copains d'école parce qu'il ne veut pas passer pour un « cassoce »...

Une nouvelle race, ça, le cassoce, qui correspond, si j'ai bien compris à tous ceux qui dépassent et ne pourraient même pas faire de la figuration dans la pub Ricoré. 

Personne ne veut être un cassoce et pour rester sur la belle photo, celle des ouineurs de la life qui font des crédits pour s'acheter une belle maison qu'ils meubleront avec le goût très sûr que promeuvent à tour de bras les émissions de télé qui aiment beaucoup le taupe, le chocolat et le prune, les non-cassoces font des pieds et des mains, s'habillent bien comme il faut (le moindre détail qui cloche et t'es éjecté, à vitesse grand V vers le no man's land des cassoces), anticipent les situations nouvelles, pour toujours rester dans le mouvement et le rang, ne pas trébucher et conserver leur place, tellement s'ils la perdent un autre la prendra, quitte à piétiner ceux qui ont eu le malheur de ne pas suivre le rythme.  

Et un matin à la radio, tu apprends que les statistiques sont de toute façon formelles et que la cassocerie est une donnée désormais inévitable et tu te demandes si par hasard il n'y aurait pas un peu quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark... 

Et tu ne sais toujours pas pour qui tu iras voter et si tu iras, parce que tu commences à en avoir un peu assez de te faire prendre pour un veau tous les jours que Dieu fait. Tu en as assez d'entendre des jeunes gens ambitieux te concasser la tête dès le matin avec leurs joutes égotiques et leurs débats qui ne mènent à rien. 

Tu éteins la radio et tu regardes le ciel, il fait beau et ta grande cassocerie te permet d'apprécier ce moment. Tu ne sais pas à quoi ressemblera ton budget dans les mois qui viennent, ni quel boulot de merde tu vas encore être obligé de te fader pour gagner ta vie, ni quel petit chef pété du bulbe il va encore falloir que tu supportes le temps de renflouer ton compte en banque, et tu décides qu'à chaque jour suffit sa peine et que pour l'heure, tu vas finir ton thé et fumer une clope.

C'est tout, vous pouvez fumer !

EDIT du 5 mars 2012 : J'ai quelque peu modifié ce billet après avoir vu une émission de Toute l'histoire sur l'extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. J'avais honte.

samedi 25 février 2012

Retour vers le futur

Ce qui est bien avec la campagne présidentielle en cours, c'est qu'on ne risque pas d'avoir peur du futur, tellement elle baigne dans le passé et les vieilles dentelles. 

Ils nous refont les trucs éculés dont ils croient qu'ils marchent encore : promesses à gogo pour les gogos et jeté de nonos.

Pendant qu'ils aèrent leurs costards à 20 000 et leur pathétique manque de sens politique, le monde continue de tourner et le futur de cogner violemment à la porte, trimballant avec lui un bon paquet de questions dont les hommes qui aspirent à nous gouverner se gardent bien de prononcer le nom.

Pendant ce temps-là qu'ils nous prennent vraiment pour des veaux, le futur et la globalisation, on se les prend en pleine poire, avec leur lot de compétences qu'il ne va pas falloir manquer d'acquérir vite fait bien fait si on ne veut pas faire de la figuration inintelligente sur le bas-côté, à regarder passer le magnifique TGV de la modernité... 

En passant, je ne voudrais pas dire du mal des hommes politiques, mais c'est tout de même la honte totale la façon dont ils sont peu portés sur les langues étrangères, alors que nous, il faut qu'on parle chinois, brésilien, anglais et japonais si on veut espérer décrocher un job payé 9 euros de l'heure... 

Sinon, je viens de me mettre une guitare électrique dans les mains et je me demande pourquoi j'ai attendu si longtemps pour réaliser ce rêve que je me trimballe depuis des décennies.

Des fois, on s'interdit des choses et c'est bien couillon...

C'est tout, vous pouvez fumer !

mercredi 22 février 2012

Flexisécurité et toutes ces choses...

J'ai travaillé de longues années, et sur mes fiches de paie il y a une ligne qui indique qu'il y a eu des cotisations pour abonder un fonds destiné à la formation.
Tout au long de ces longues années, je n'ai jamais bénéficié de formations au sein d'une entreprise (on n'y pense pas tant qu'on a un boulot : on bosse). 
Tout au long de ces mêmes années, je me suis également souvent retrouvé au chômage (je suis du genre aventureux et la vie est courte). 
Lors de ces périodes d'inactivité productive, j'ai demandé par deux fois à bénéficier de formations. À chaque fois, ça a été une galère sans nom. 
La première fois, on m'a demandé des tas de trucs, tout juste si on ne m'a pas regardé le fond de la culotte.
La deuxième fois, le peu compétent agent de l'agence pour l'emploi s'est totalement planté et il va falloir que je me recoltine tout le dossier pour remettre ça d'équerre... Passons.
La nuit, il m'arrive de me demander si ça ne serait pas plus simple que tout le fric qui a été cotisé sur mes fiches de paie toutes ces années m'ait vraiment servi à me former au lieu que je ne sais même pas à quoi il a été utilisé.

lundi 20 février 2012

Nos amies les bêtes

Il y avait une corneille perchée sur une antenne, la tête penchée. En regardant sur la droite, on a vu la queue d'un chat vibrionner hystériquement sur le toit de l'immeuble d'en face. La pie s'est envolée à toute blinde, la queue en sémaphore. Trois corneilles sont alors arrivées en piqué et ont fait les bombardiers pendant un petit moment pour décourager le chat sur le toit.
Les corneilles sont d'un noir profond que je n'ai jamais vu ailleurs en vrai.
Moralité : depuis qu'on n'a plus de jardin et qu'on vit en étage, on redécouvre la vie des oiseaux et la trajectoire des avions.
Un rouge-gorge gras comme un loir vient régulièrement et par courtoisie (il n'a vraiment pas besoin de ça vu son air prospère) picorer les morceaux de pain que nous laissons à son intention sur la terrasse.

Aux avant-postes de la précarisation

C'est plaisant d'être pionnier et précurseur, surtout si comme moi on goûte peu la facilité et la routine. 
Tout de même, parfois, je reconnais que je fatigue un peu. 

Vous en connaissez beaucoup des boulots où on vous demande de travailler gratuitement et où l'on suppute que vous serez éventuellement payé si le produit que vous avez entièrement conçu et fabriqué se vend ?

J'explique : il s'agissait pour un nouveau concept sur Internet, de rédiger et d'illustrer (photos ou autres) des billets sur des aspects un peu insolites de la ville afin que les internautes se connectant accèdent de façon ludique à des informations et à des propositions commerciales. 

Le rendez-vous pour proposer ce mirifique machin était organisé dans les locaux de Pôle Emploi. Je ne vais même pas faire de commentaires. 

Il y a avait là en espérance de travail quelques plumitifs plus ou moins doués et aguerris, dont un pénible vieux schnock qui se la pétait (pas d'autres commentaires, espèce courante et communément rencontrée dans les contrées plumitives), des jeunes filles fort jolies qui ont très vite quitté la réunion, effarées. 

Pour ma part, aiguillonnée par la curiosité, je suis restée toute la réunion et ça ne manquait pas d'un certain charme. Il faut reconnaître qu'étant donné nos supposées compétences et notre possible inextinguible corvéabilité, le monsieur qui présentait les choses était plutôt courtois (ça change de mes derniers boulots où en plus de te sous-payer et de te faire marner comme un esclave, on te crache à ta gueule de sous-merde prolétarienne). Il faisait de notables efforts pour s'exprimer dans un français correct.

Le problème, c'est que l'annonce de recrutement parlait d'un poste fixe avec salaire à la clé et que plus la réunion avançait et plus on comprenait que c'était de la sous-pige sous-rémunérée au clic. 

J'ai posé quelques questions, le vieux schnock a fait son numéro. Je n'ai pas donné suite. Le monsieur qui avait fait la présentation m'a recontactée pour me demander pourquoi il n'avait plus de mes nouvelles et je lui ai répondu que j'avais pas trop la possibilité en ce moment de consacrer du temps à travailler sans être payée.

Vous me direz, il faut avoir le tempérament entrepreunarial et la fibre indépendante. Je vous répondrai : « Vous en connaissez beaucoup, vous, des secteurs où on vous prend autant pour des truffes ? »

Imaginez qu'il y a des gens qui trouvent normal de se faire payer cher et sur-le-champ... voire cher et à l'avance... 

Qu'est-ce qui rend acceptable que dans certaines professions il soit communément admis que tu doives crever la dalle et que ton travail ne soit pas correctement rémunéré ? Rien, à part cette espèce de coutume romantique à la noix qui présuppose que le plumitif aime les mansardes et la vie de bohème.

Le plumitif, comme tout le monde, travaille pour maîtriser son outil, achète des livres, des journaux, le plumitif produit du contenu, pour le dire à la sauce moderne, c'est donc un acteur de la vie économique et il aimerait bien qu'on arrête de penser qu'il vit d'amour et d'eau fraîche quand il s'agit de lui donner des sous.

Encore une légende urbaine qui bat de l'aile : le plumitif paie son loyer et son bifteck au même prix que tous les autres acteurs de la vie économique, il n'a pas de ristourne ni de tarif préférentiel même si on lui propose insolemment souvent de le payer avec des queues de cerise au motif qu'il ne sait pas compter ou que des études de lettres ça rapporte pas tout le monde sait ça.


C'est tout, vous pouvez fumer !

samedi 18 février 2012

Samedi matin

Le samedi, matin, quand on se réveille de bonne heure, que le ciel est bleu et que la maisonnée roupille encore à poings fermés, on traînouille et on glandouille, on se demande ce qu'on pourrait bien faire et finalement on ne fait rien. On se dit qu'on pourrait prendre une douche, mais on va plutôt bouquiner quelques pages en écoutant Everything But the Girl et reprendre une tasse de thé. On se dit que ce qui est pris n'est plus à prendre. Life can be so nice !

lundi 13 février 2012

C'est lundi, c'est vomi de raviolis !

One - Entendu l'autre matin Philippe Sollers sussurer à la radio qu'il était bien content d'avoir toute sa vie échappé au « travail servile ». Les travailleurs serviles, ils devraient arrêter de conduire des taxis et de faire la cuisine dans les endroits que fréquente ce sympathique fils de boutiquier qui se prend pour un aristo, ça lui ferait les pieds. 

Two - Encore une matinée bien rock'n'roll à Pôle Emploi. Moralité : on nous fait chier quand on bosse, on nous fait chier quand on est au chômage. 

Y'a plus de respect pour le travailleur, moi j'dis !

samedi 11 février 2012

vendredi 10 février 2012

mercredi 1 février 2012

De la vie de tous les jours et des tests

Hier, je fus au petit supermarket voisin acheter des fournitures pour mon enfant, que nous persistons à envoyer apprendre des choses à l'école, en dépit du fait qu'on nous serine sur tous les tons que ça ne sert à rien. 

Alors que j'arrivais à la caisse, mon attention fut attirée par un grand flandrin hyperbolique. Il venait de saluer la caissière de cette façon légèrement supérieure.

L'honnête citoyen muni d'un boulot bien payé et d'un viatique éternel pour les plaines du Seigneur aime venir dans les quartiers populaires qu'il compte investir (ils ne se rendent pas compte, les pauvres, de ce qu'ils ont et de comment on aimerait bien les chasser de chez eux pour prendre leur place, de toutes façons, ils ne se rendent pas compte, c'est des pauvres, n'est-ce pas ?).

Après avoir donc arrosé le magasin entier de sa superfétatoire et méprisante ostensible politesse, il tentait, l'olibrius clonique, de ranger son panier et ça ne voulait pas, ça ne voulait pas.

Il s'acharnait comme un taré, fronçant ses sourcils sous le coup de la déception. Je finis par lui faire remarquer sans trop insister qu'il ne risquait pas de ranger son panier même en s'acharnant tant et plus, parce que le panier dans lequel il s'acharnait et s'acharnait à vouloir le caser n'était pas du même acabit.

"C'est un test, lui glissai-je, sur un ton légèrement goguenard. Et vous l'avez raté !"

Ça ne lui a pas plu et il m'a fait remarquer que je n'étais « pas sympa ». Je lui ai rétorqué que ça me faisait rire, c'est tout.

Il a derechef embarqué sa moitié au flamboyant manteau et la caissière ne lui a pas dit au revoir. Les pauvres sont des mauvais coucheurs, en plus du reste. J'en ris encore.

En passant : un cahier + un stylo 4 couleurs = un peu plus de 6 euros, soit plus de la moitié du SMIC horaire, ça fait un peu halluciner...

De l'étonnante destinée d'un despoticule articulé qui cause, qui cause et voudrait bien empêcher tout le monde de dormir

Il m'inquiètait, le gorille, ces temps-ci... Il vitupérait dans sa barbe, il maugréait... Je n'osais pas lui poser de questions, habitué à sa déconcertante façon de toujours me répondre en me posant de nouvelles questions : je ne suis pas taillé pour les abîmes, qu'ils soient perplexes ou pas.

Ce matin, je l'ai trouvé riant à gorge déployée. J'étais bien content d'avoir eu l'idée de lui rendre visite car un ami qui rit est un ami heureux et un ami heureux est un ami qui rit.

Il me salua d'un vaste geste et me pria de m'assoir à sa table. Vous ai-je dit que je suis fort gourmand et que le gorille est un hôte de choix ? Bref, nous nous délectâmes de cookies maison et de nos doigts chocolatés. Pour finir, je demandai à mon ami repus ce qui le faisait donc tant s'marrer.

- Hé bien, me dit-il,  il faudrait vraiment être un pisse-froid pour ne pas rigoler en ce moment, vous ne trouvez pas ? Allons, ne prenez pas cet air idiot, vous allez me chagriner... 

Comme je tâchai de corriger l'expression étalée sur ma pauvre face, il me saisit par l'épaule et me secoua comme un prunier :

- Hé mon zami !, tu ne trouves pas ça poilant et hilarant, tout ça ? Je vais te raconter une histoire qui devrait te dérider : Il était une fois un petit pays fort joli, bordé par la mer et l'Océan, un vrai paradis sur Terre, crois-moi ! Or il advint que ce pays tomba par ruse dans les pattes d'un jean-foutre de première bourre. Lequel jean-foutre pilla tant et plus les caisses du délicieux pays, avant de tenter d'installer toute sa descendance à des postes tous plus peinards les uns que les autres. Tandis que le peuple du wunderbar pays suait sang et eau pour alimenter la pompe à pognon que l'indélicat maniait à tour de bras, le jean-foutre faisait cuire des saucisses et prenait des douches dans des atours absolument pharaoniks, tant il est vrai qu'il avait toujours eu un mal fou à se faire prendre au sérieux et ne pensait pas exister s'il n'était pas muni d'un maximum de gadgets fort coûteux.

Le peuple, qui en avait ras-le-bol qu'on lui colle un pistolet sur la tempe pour lui prendre toutes ses pistoles, décida qu'il était temps de bouter le forcené hors du pays.
L'indélicat despoticule le prit fort mal : il augmenta derechef les impôts, histoire de bien racler les fonds de tiroir avant de s'en mettre jusque-là de la dolce vita, et envoya tous ses ministres faire les gros yeux et menacer des pires zatrocités et représailles les habitants du pays, les exhortant à la raison, les tançant et leur promettant cauchemars, tortures et lendemains douloureux.

Las, les habitants le et les regardaient avec étonnement et se marraient comme je le fais à présent, ah ah ah ah ah ah !

Assez ri, comme dirait Boby Lapointe, revenons à nos oignons : Avez-vous trouvé une solution à mes problèmes de chaussettes ?




mardi 31 janvier 2012

Lâchons un peu de lest...

Ce n'est pas toujours facile de fréquenter les allées du monde de la vie de tous les jours et il faut parfois lâcher du lest, sinon on passe son temps sabre au clair et c'est très très fatigant...

Moi qui vous parle, j'en sais quelque chose et pour l'heure, le mode lémurien ascendant escargot shooté au Lexomil me conviendrait bien...

Tout ça pour dire que j'ai imprimé chez un très gentil monsieur les 195 pages de mon manuscrit, ce qui entre nous représente un fier paquet, que ledit monsieur manipulait avec une fort enviable dextérité.

J'ai ensuite acheté une enveloppe et posté le tout à destination des éditions de l'Olivier, parce que mon premier envoi chez eux m'avait valu une lettre tout ce qu'il y a de personnelle avec dedans des conseils bien judicieux.

Et maintenant, j'attends que ça se passe.

Il faudrait que je bosse sur l'autre bouquin... mais il y a cette gigantesque flemme qui force mes yeux exténués à papillonner ferme...

ZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ

lundi 30 janvier 2012

Together, un film suédois avec plein d'orange dedans


Un film qui propose entre autres réjouissances une analyse assez intéressante dans le genre "Tu t'es vu quand t'as trop mangé de riz ?" de Fifi Brindacier.

Également au menu, le virage dégagage manu militari par un splendide rouquin d'une super conasse, que ça fait plaisir à voir !

Hu hu hu hu !

vendredi 27 janvier 2012

De certaines singularités singulières

Une chose qui m'étonne toujours dans les maisons d'édition.

Si vous souhaitez leur faire parvenir le résultat de votre travail d'écrivure, il faut ABSOLUMENT que vous imprimiez et postiez parce que sinon, même pas ils prennent la peine, etc.

Il se trouve que mon imprimante, obsolète et fatiguée, mais qui m'a rendu par le passé de fiers services, notamment dans mon labeur de correctrice/secrétaire d'édition à domicile, est sur le point de rendre sa belle âme d'objet pratique et helpfull. Je ne peux décemment pas lui demander d'imprimer un gros paquet, je la ménage, je la ménage, elle mérite bien ça.

Tout ça parce qu'elle a imprimé vaillamment à mes frais à moi les nombreux manuscrits que j'ai eu à corriger à ma maison lorsque j'étais petite main. Vous allez pas me dire qu'ils pourraient pas imprimer un peu, les éditeurs qui n'hésitent pas à faire imprimer à leurs ouvrières en chambre ?

Pour le moment, il n'y a que chez Albin Michel que j'ai pu faire passer mon manuscrit par voie électronique. Il faut dire que l'éditrice que j'ai contactée a travaillé dans les merveilleux et gratifiants métiers du livre, m'est avis qu'elle connaît la question sur le bout des doigts...

Je bataille au téléphone mais chaque fois, j'ai des secrétaires explicites et un peu outrées quoique fort civiles qui ne comprennent même pas de quoi je leur cause, tant il est vrai que l'auteur, dans sa mansarde, grille d'envie de se voir publié et est prêt pour ce faire à toutes les extrémités... 

Je vais être d'une très extrême mauvaise foi : le boulot d'auteur, c'est d'écrire, pas d'imprimer des rames et des rames de papier, si ? Je croyais pourtant que c'était le boulot de l'éditeur, ça... Encore une fois, je mélange tout, ah la la !

Life can be so boring, sometimes...


mercredi 25 janvier 2012

De la vie de tous les jours et des mystères infinis qu'elle nous permet de côtoyer

Le gorille, perplexe, tentait de résoudre une équation fort épineuse et j'ai failli m'en retourner retrouver mes peinardes pénates.

Oui, je l'avoue, j'ai parfois un petit côté pantouflard et mon ascendant lémurien aimerait à s'exprimer plus souvent.

Mais laissons ces considérations sur ma petite personne, je sais que vous grillez littéralement d'envie de savoir ce qui turlupinait ainsi mon quadrumanami. 

Lequel, les lunette juchées sur son nez, l'air un peu hagard, je me dois à la vérité de le rapporter, s'abîmait dans des abysses de perplexité.

Pour finir, il se redressa, la tête penchée sur l'épaule, quêtant à la ronde et aux cieux une réponse, une inspiration, que sais-je ? Mais, me direz-vous, kèskiluipranhobestiô ? Je lui laisse la parole :

 - Soit deux chaussettes plongées ensemble et simultanément dans un milieu aquatique et tournoyant, auxquelles on ajoute, pour faire bonne mesure, un chouïa de lessive et un tantisoit d'adoucisssant. Maintenez une température de disons 40° pendant un temps de disons 40 minutes. Quoi, pourquoi 40 ? Écoutez, cher ami, par moments, vous posez des questions, mais des questions ! C'est comme ça, je ne sais pas, moi... De toutes façons, vous le savez comme moi, ces données chiffrées n'ont que peu d'incidence sur la teneur de l'équation. La question est surtout de savoir pourquoi, nom de Dieu de nom d'une pipe de mille milliards de fucking Hell de chiotte de sa mère la pute, il manque toujours une chaussette à la fin de la lessive !!!

dimanche 22 janvier 2012

Gorille nietzschéen

Lorsque je suis arrivé chez lui, le gorille était hilare. 
Tout autour de lui, des piles de bouquins. Il m'a souri, m'a indiqué qu'il faisait du ménage et du rangement et qu'au hasard de ses manipulations livresques, il était tombé sur Le gai savoir, de Friedrich Nietzsche.

Ce qui le faisait rire, cet animal ? Ceci, pioché page 201 du bouquin, dans la collection folio

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La Foi qui sauve. - La vertu ne procure le bonheur et une sorte de béatitude qu'à ceux qui ont foi en la vertu ; ... et non à ces âmes plus subtiles dont la vertu consiste en une profonde méfiance à l'égard de soi-même et de toute vertu. Au bout du compte, là aussi, c'est encore « la foi qui sauve ! » et non, notons bien, la vertu.


Son sourire s'est encore élargi et il m'a proposé de prendre l'apéro avec lui.


jeudi 19 janvier 2012

Un recueil de nouvelles

Recueil de nouvelles recherche éditeur. 
Titre : Vieux mégots
Comporte 10 nouvelles dont voici les titres :
  • Stop
  • Accession à la propriété
  • Mécanique orange
  • Pauvres cons !
  • Gontran Bonheur
  • Marie-Louise
  • Fourmis et oiseaux
  • En cas de besoin, utilisez le petit marteau pour briser la glace
  • Les joyeux bouchers et le cinématographe
  • Je suis une midinette
Pousse-mégots, s'abstenir, merci !

SOPA attaque Internet

mercredi 18 janvier 2012

Le cave se rebiffe

Un bon vieux classique avec des affreux qui font rire, ça change. On l'a vu cent mille fois, mais on rigole toujours autant. On s'est bien détendu les glandes, tranquilles, peinards, on a pris des notes, on sait jamais.