samedi 20 décembre 2014

20/12/2014, 5 h 20

Un monde d'ingénieurs  ? - Jacques Attali aime tous les présidents (Mitterrand, Sarkozy, Hollande) et réfléchit à l'avenir du monde. Il faudrait selon lui que l'école permette à tout le monde d'accéder aux écoles d'ingénieurs. Personnellement, je redoute grandement un monde d'ingénieurs. 

Imaginez ça : plus de cuisiniers (je reconnais qu'en ce moment, ça nous ferait des vacances...), plus de serveurs de restaurant, plus de vendeuses ni de vendeurs (vous avez remarqué, les vendeurs sont bien mieux habillés que les vendeuses, il faut que ça cesse !), plus de comptables, plus de balayeurs, plus de peintres en bâtiment, plus de veilleurs de nuit, plus de facteurs, plus de postiers, plus d'aides à domicile, plus d'infirmières, plus d'aides-soignantes, plus de géomètres, plus d'ouvriers de la voirie, plus d'éboueurs, plus de cordonniers, plus de... (complétez vous-même avec les métiers de vos parents, de vos amis et le vôtre, par exemple).

Lorsque Jacques Attali énonce doctement des vœux d'ingénierie totale, c'est parce qu'il est social sous ses dehors libéraux. C'est pour offrir aux pauvres une porte de sortie, un navenir meilleur et des lendemains qui chantent le 4 x 4. 

Imagine-t-il une seconde qu'on puisse ne pas avoir envie de devenir ingénieur et qu'on puisse souhaiter gagner décemment sa vie tout en exerçant une autre profession ?

Pauvres fous que nous sommes.

Mais peut-être a-t-il des visions que nous ne saurions avoir, nous qui n'avons pas le frontal surdéveloppé de l'homme pensant ? Demain, il y aurait des ingénieurs qui concevraient des robots qui feraient tous les boulots, sauf celui d'ingénieur, et des gens qui ne travailleraient pas.

Et alors, on ferait quoi ?

La mémoire courte - L'extrême gauche, qui a tendance à remplacer la gauche classique, laquelle a gentiment mais sûrement dérivé vers la droite, tente les Grecs et les Espagnols qui mangent l'austérité depuis de longs mois. L'autre jour, à la radio, un éditorialiste affirmait qu'en France la crise n'est pas si grave parce que nous avons des filets sociaux tendus de partout, ce qui expliquerait le climat conservateur qui sévit sous nos latitudes et les scores de l'extrême droite. 

Dans mon quartier, les filets sociaux, on en voit tous les trous, avec les gens qui passent à travers. La moitié des chômeurs ne sont pas indemnisés et un certain nombre touchent des sommes dérisoires. Malgré l'évidence des plans sociaux tous azimuts, tous les jours, j'entends des gens affirmer avec un petit mouvement volontaire du menton  « quand on veut travailler on peut, du travail il y en a », salauds de chômeurs pauvres !

La Grèce et l'Espagne ont connu des régimes fascistes il n'y a pas si longtemps, les souvenirs sont encore frais. Chez nous, ça commence à remonter, la nostalgie fait son œuvre, il faut croire.

ismes - Grâce à Orwell, je me méfie tout autant du stalinisme que du fascisme.

Ami(e)s lecteurs et trices - Je vous embrasse, grâce à votre présence, je continue à me livrer à mes sales manies.

C'est tout, vous pouvez fumer !







mardi 16 décembre 2014

Vulgaire et accessoire

Je ne vais pas souvent chez le médecin et c'est un tort, parce qu'on apprend des tas de trucs en consultant la presse féminine dans les salles d'attente. 

Dans le ELLE du mois d'octobre :


« Le it bag, plus qu'un vulgaire accessoire, il doit être porté comme notre bébé qu'on présenterait au monde » (+ photo de grande godiche aux pieds martyrisés et à la main colonisée par un énorme bidule qui doit valoir son pesant de brouzouf)

Pour être à la pointe de la tendance cet hiver, il faut donc se munir d'un gros sac et forcer sur l'orange

Une glacière de plage, vous croyez que ça fera l'affaire ?
 





samedi 6 décembre 2014

Les auxiliaires du Père Noël

« Ça fait une heure que je filme la nuque de Robert, il est si beau avec son costume de hanneton ! »





Leur mission : empêcher les manifestants, très pacifiques et très encadrés, d'empêcher les braves gens de faire leurs courses de Noël.
Ils ont sorti l'équipement des grands jours.

Reconnaissons que ça fiche un peu la trouille.

vendredi 5 décembre 2014

R.C. Seine n° - Francis Ponge

C'est par un escalier de bois jamais ciré depuis trente ans, dans la poussière des mégots jetés à la porte, au milieu d'un peloton de petits employés à la fois mesquins et sauvages, en chapeau melon, leur valise à soupe à la main, que deux fois par jour commence notre asphyxie.
Un jour réticent règne à l'intérieur de ce colimaçon délabré où flotte en suspension la râpure du bois beige. Au bruit des souliers hissés par la fatigue d'une marche à l'autre, selon un axe crasseux, nous approchons à une allure de grains de café de l'engrenage broyeur.
Chacun croit qu'il se meut à l'état libre, parce qu'une oppression extrêmement simple l'oblige, qui ne diffère pas beaucoup de la pesanteur : du fond des cieux la main de la misère tourne le moulin.

L'issue à la vérité, n'est pas pour notre forme si dangereuse. Cette porte qu'il faut passer n'a qu'un seul gond de chair de la grandeur d'un homme, le surveillant qui l'obstrue à moitié : plutôt que d'un engrenage, il s'agit ici d'un sphincter. Chacun en est aussitôt expulsé, honteusement sain et sauf, fort déprimé pourtant par des boyaux lubrifiés à la cire, au fly-tox, à la lumière électrique. Brusquement séparés par de longs intervalles, l'on se trouve alors, dans une atmosphère entêtante d'hôpital à durée de cure indéfinie pur l'entretien des bourses plates, filant à toute vitesse à travers une sorte de monastère-pantinoire dont les nombreux canaux se coupent à angles droits - où l'uniforme est le veston râpé.

Bientôt après, dans chaque service, avec un bruit terrible, les armoires à rideaux de fer s'ouvrent - d'où les dossiers, comme d'affreux oiseaux-fossiles familiers, dénichés de leurs strates, descendent lourdement se poser sur les tables où ils s'ébrouent. Une étude macabre commence. ô analphabétisme commercial, au bruit des machines sacrées c'est alors à la longue, la sempiternelle célébration de ton culte qu'il faut servir.
Tout s'inscrit à mesure sur des imprimés à plusieurs doubles, où la parole reproduite en mauves de plus en plus pâles finirait sans doute par se dissoudre dans le dédain et l'ennui même du papier, n'étaient les échéanciers, ces forteresses de carton bleu très solide, troués au centre d'une lucarne ronde afin qu'aucune feuille insérée ne s'y dissimule dans l'oubli.
Deux ou trois fois par jour, au milieu de ce culte, le courrier multicolore, radieux et bête comme un oiseau des îles, tout frais émoulu des enveloppes marquées de noir par le baiser de la poste, vient tout de go se poser devant moi.
Chaque feuille étrangère est alors adoptée, confiée à une petite colombe de chez nous, qui la guide à des destinations successives jusqu'à son classement.
Certains bijoux servent à ces attelages momentanés : coins dorés, attaches parisiennes, trombones attendent dans des sébiles leur utilisation.

Peu à peu cependant, tandis que l'heure tourne, le flot monte dans les corbeilles à papier. Lorsqu'il va déborder, il est midi ; une sonnerie stridente invite à disparaître instantanément de ces lieux. Reconnaissons que personne ne se le fait dire deux fois. Une course éperdue se dispute dans les escaliers, où les deux sexes autorisés à se confondre dans la fuite alors qu'ils ne l'étaient pas pour l'entrée, se choquent et se bousculent à qui mieux mieux.

C'est alors que les chefs de service prennent vraiment conscience de leur supériorité : Turba ruit ou ruunt(1) ; eux, cà une allure de prêtres, laissant passer le galop des moines et moinillons de tous ordres, visitent lentement leur domaine, entouré par privilège de vitrages dépolis, dans un décor où les vertus embaumantes sont la morgue, le mauvais goût et la délation - et parvenant à leur vestiaire, où il n'est pas rare que se trouvent des gants, une canne, une écharpe de soie, ils se défroquent tout à coup de leur grimace caractéristique et se transforment en véritables hommes du monde.

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(1) La foule (ou les gens) se précipite(nt).


Francis Ponge aimait apparemment beaucoup la vie de bureau, dont il tâta dans les années 30.

mardi 28 octobre 2014

Le progrès est une fort belle chose

Un petit tour sur le site de l'Asfored pour voir un peu à quoi ressemblent les annonces ces temps-ci dans le monde de l'édition qui recrute. 

Toujours un maximum de stages, y compris pour des boulots qualifiés (c'est pareil partout, je sais). 

C'est moi qui ai mauvaise haleine ou les offres de boulot bien payées sont en plus des CDI ? 

Je ne souhaite la précarisation de personne, entendons-nous bien. Je trouve juste un peu lourdingue que la précarité ET les mauvais salaires tombent sur les mêmes, ces maudits. 

A ce propos, il n'est sans doute pas anodin que Le Figaro se lance ces jours-ci dans une comparaison du statut des travailleurs en CDI et des galériens en CDD.

L'article nous apprend au passage que s'il y a du chômage, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de travail, ce serait trop simple, tas de ramollis du cervelet incultes, mais parce que les entreprises ne peuvent pas embaucher et débaucher à leur gré.

Ces temps ont existé, jadis et naguère : les travailleurs étaient payés à la tâche, lourdables à l'envi et crevaient de misère quand l'ouvrage manquait*. 

Le progrès est décidément une fort belle chose. 

* Les pauvres et leur histoire, Pierre Pierrard, Bayard.

mercredi 15 octobre 2014

Ouf. Il était temps.


Les consciences s'éveillent. La parole, longtemps bâillonnée, jaillit et déferle, portée par une indignation qui ne peut plus se contenir.

Elle est parfois empreinte d’une certaine rudesse, cette parole, ne nous le cachons pas. Ainsi un élu, trémulant de vertueuse colère, a-t-il indiqué que l’on, je cite, « crache à la gueule du principe d’égalité ».  C’est que les mots empêchés, lorsqu’ils finissent par retrouver leurs ailes, le font parfois dans la violence et le fracas. 

Les upper class heroes secouent leurs chaînes et leurs entraves et s’expriment avec vigueur, nous mettant sous le nez une réalité que nous préférons souvent fuir ou feindre d’ignorer. 
Reprenant le flambeau des Hugo et des Zola, ils nous interpellent et nous prennent aux tripes. Nous ne pourrons plus nous voiler la face et détourner les yeux : ils nous empoignent et nous secouent, nous forçant à délaisser nos futiles distractions et nos stratégies d’évitement. 

Nous ne pourrons plus oublier désormais qu’un enfant de riche a les mêmes droits et vaut autant qu’un enfant de pauvre, saperlipopette ! 

Et d’une voix qui fera longtemps sonner l’écho, nous exigerons qu’on ne retire pas les allocs de la bouche de ces pauvres gosses malmenés par une société férocement inégalitaire et un système tout pourri.

jeudi 2 octobre 2014

Il fallait que ça soit dit



Un plaisant moment de rigolade et de contentement en lisant ceci.

EDIT : Bien entendu, je ne voue aucun artiste au camp de travail, de même que je ne voue personne aux travaux forcés auxquels s'assimilent certains boulots mal payés et mal considérés. 

Je n'arrive pourtant pas à trouver normal et juste que de vieux rockers électriques ou des footballeurs aussi talentueux soient-ils, des soi-disant génies picturaux, visuels ou conceptuels aient une seule visée : en croquer un max, quel qu'en soit le prix et quel que soit le monde que cela suppose, quelle importance puisque eux ont réussi à s'extraire du lot, à tutoyer les cimes et à faire partie de la crème de la crème.

Tout le monde a droit à la musique, au dessin, à une expression quelconque de sa palpitation interne. Pourtant les études artistiques sont majoritairement squattées par les rejetons de la bourgeoisie, au même titre que les cursus prestigieux, hé oui, ma pauvre dame, c'est bien dommage, mais c'est comme ça, les pauvres, vous comprenez, c'est fait pour travailler, pas pour gratter la guitare et bayer aux corneilles.

Vous allez me dire qu'il existe des chanteurs et des acteurs issus des classes laborieuses et, comme dirait Mick Jagger* en recalculant ses dernières plus-values, ça prouve qu'avec du talent et de la détermination, tout le monde peut y arriver (le genre de truc tellement rock'n'roll qu'il faudrait en faire une chanson, tiens, ça commencerait comme ça : You can always get what you want (if you try haaaard).

Et sinon, on peut aussi devenir footballeur et s'acheter des tas et des tas de voitures chères et niquer des tas de filles - comme les rockers mais en plus white ou black trash.


* Je n'invente rien, il l'a vraiment dit, dans Télérama, à propos de James Brown, dont il produit le biopic.

mardi 23 septembre 2014

Hello world!

Internet n'est pas qu'un foutoir racoleur, il permet aussi pour de vrai d'avoir accès à des connaissances et de se muscler la tronche, ce qui relève aujourd'hui plus que jamais de l'hygiène de base.

Un exemple idiot parmi d'autres : je caresse vaguement depuis des années le désir de me mettre à la programmation. J'en ai ai tâté un peu à la fac, avec un langage totalement obsolète (le GW Basic, si ça vous cause), suffisamment pour me rendre compte que ça me branchait plutôt et me faire une idée un peu floue de la chose.

Mais je n'avais pas trop creusé. Jusqu'au jour où je lus dans le journal que certaines écoles proposent sur Internet d'avoir accès à des cours (ça s'appelle des MOOC, et vous allez de suite cliquer sur la petite croix pour ouvrir un onglet et lancer une recherche pour voir ce que ça veut dire, vous me connaissez, ce n'est pas trop mon genre de feignasse de mâcher le travail).

Je m'éclate donc depuis deux semaines à découvrir les bases du langage Java. J'ai un peu raté le début des cours, ce n'est pas grave, mais il faut quand même respecter des dates de remise pour les devoirs et une fois que le cours est fini, les ressources ne sont plus accessibles, c'est un peu dommage, mais ce n'est que le début.

Jusqu'à présent, rien d'insurmontable au niveau compréhension, on verra par la suite. C'est l'école polytechnique de Lausanne qui s'y colle, et ils font vraiment des efforts pour que les cours soient accessibles avec un minimum de bagage en maths (les entiers, les décimaux, les nombres négatifs, les opérations de base, bref, la base de la base, que même moi je m'en souviens).

Dans quelques semaines, j'attaque la guitare avec un prof de Berkeley, hé ouais, la classe !

Et sinon, il y a des cours d'économie avec l'ENS de Lyon et l'université de Bordeaux. Et tout un tas d'autres cours. Et comme on ne vous demande pas vos diplômes ou si vous avez la gueule de l'emploi et que c'est gratuit, ça serait dommage de s'en priver !


mardi 16 septembre 2014

La Génisse, la Chèvre et la Brebis en société avec le Lion


La génisse, la chèvre et leur sœur la brebis,
Avec un fier lion, seigneur du voisinage,
Firent société, dit-on, au temps jadis,
Et mirent en commun le gain et le dommage. 


Dans les lacs de la chèvre un cerf se trouva pris.
Vers ses associés aussitôt elle envoie.
Eux venus, le lion par ses ongles compta,
Et dit : « Nous sommes quatre 

à partager la proie. »
Puis, en autant de parts le cerf il dépeça;
Prit pour lui la première en qualité de sire :
« Elle doit être à moi, dit-il, et la raison,
C'est que je m'appelle lion :
A cela l'on n'a rien à dire.
La seconde, par droit, me doit échoir encor :
Ce droit, vous le savez, c'est le droit du plus fort.
Comme le plus vaillant, je prétends la troisième.
Si quelqu'une de vous touche à la quatrième,
Je l'étranglerai tout d'abord. »

lundi 15 septembre 2014

Une question





Depuis ce matin, 
je me pose une question : 
pour que les Shadoks pompent, 
est-il nécessaire 
de réduire encore et toujours 
la partie déjà congrue ?

samedi 13 septembre 2014

De quoi que tu causes ?

Dans le Télérama de cette semaine, à propos de Mariage à l'italienne (qui passe mardi prochain sur Arte) : 
« ... Quant à Sophia Loren, prostituée repentante et maternelle, fille du peuple aux mœurs libres mais au cœur de grande dame, elle est éblouissante. »

Ce cœur vaut toutes les dents du monde.

mercredi 3 septembre 2014

Savez-vous planter les choux ?

Par deux fois ce matin Mme Pellerin, nouvelle ministre de la Culture, a asséné que la culture servait à progresser dans la hiérarchie sociale. J'en suis restée un peu égratignée. 

Soit c'est faux (un certain nombre de ceux qui ont fait des études littéraires peuvent en témoigner. Je sais, je rabâche).

Soit ça suppose que la culture est le hochet d'une certaine classe sociale. Et je me demande ce que des sales types comme Genet, Rimbaud ou Artaud penseraient de ce genre de grossièreté et de celles et ceux qui non seulement les pensent mais en plus se croient autorisé(e)s à les proférer le matin à la radio. 

Mme Pellerin a aussi cité deux fois Totem et Tabou de Freud. Je suppose que ça veut dire qu'elle est au plus haut de la hiérarchie sociale ?

dimanche 31 août 2014

Rentrée des classes

Elle est touchante, la jolie Najat Vallaud-Belkacem, avec ses beaux yeux remplis de larmes, elle est touchante quand elle remercie l'école de la République qui lui a permis, à elle, la fille d'immigrés, de devenir ministre.

Et on est bien contents qu'elle ait accompli ses ambitions.

Mais on préférerait que l'école de la République, au lieu de proposer comme destin ultime aux ambitieux de tout poil, quelle que soit leur origine, une carrière politique qui sollicitera surtout leur sens des réalités, comme on entend beaucoup dire en ce moment, que l'école de la République, donc, permette à chaque futur citoyen qui fréquente ses bancs de vivre une vie pleine et heureuse (je sais, c'est utopique, mais j'avoue que je commence à en avoir largement soupé, de la real politik, ces temps-ci) et qu'elle produise une classe politique qui s'occupe un peu plus du bien public et un peu moins de faire fructifier ses petites affaires.

Que cette école cesse d'être une machine à exclure et à trier, à casser et à sélectionner, tout ça pour pondre des élites aspirant surtout à reproduire les «valeurs» bourgeoises, que ce soit pour perpétuer un modèle qui a largement fait ses preuves depuis sa mise en place au 18e siècle, ou s'approprier ces «valeurs», pour « en être » enfin, afin de s'extraire de leur milieu d'origine, que ces distinguées valeurs bourgeoises leur renvoient à la gueule comme honteux et boueux. Des élites imbues d'elles-mêmes et coulées dans le même moule, comme si c'était une vraie chance pour tout le monde que les soi-disant plus intelligents des Français sachent surtout à peu près porter le foulard Hermès, avaler des couleuvres et raconter des bobards sans trop rougir.

jeudi 31 juillet 2014

mercredi 23 juillet 2014

lundi 21 juillet 2014

le lundi, c'est raviolis

Une cantine populaire 
qui ne donne ni dans l'assistanat 
ni dans la bien-pensance, 
ça fait réfléchir...

Si vous ne l'avez pas déjà fait, jetez un œil 
(le bon) sur le livre de George Orwell,  
Dans la dèche à Paris et à Londres 
(Down and Out in Paris and London), 
qui décrit les pratiques 
de certaines « bonnes âmes » 
auxquelles fut confronté l'auteur 
lors d'une période de vaches 
particulièrement décharnées. 

Ça caLme.


L'outil « Rogner » permet de s'amuser sans fin.

mardi 15 juillet 2014

L'exemple à ne pas suivre ?

Et t'en penses, quoi, toi, de cette affaire-là ?

Tu te rends compte, si tous les critiques gastronomiques étaient cités personnellement en référé pour les articles qu'ils écrivent ? Si François Simon se faisait dépouiller de ses biens personnels pour chaque critique filmée peu amène et chaque morceau de salade qu'il a martyrisée à la télé ? 

La liberté d'expression ne serait donc réservée qu'aux journalistes et aux écrivains soutenus et éventuellement défendus par le service juridique d'un journal ou d'une maison d'édition ?

J'espère qu'elle a les moyens de payer son amende, l'irrégulière dont il est question, parce que ça fait quand même cher pour mal manger.

On devrait conseiller aux clients mécontents, au lieu de dire ce qu'ils pensent, de faire comme les restaurateurs, de porter plainte eux aussi, pour mauvais traitement, par exemple, histoire de voir comment réagiraient les juges.

lundi 7 juillet 2014

Consensus mou et imprécateurs

J'ai posté ces dernières semaines un article très énervé et un texte assez long. 

En y repensant hier soir, je n'étais pas très satisfaite de ces textes, écrits sous le coup de la colère et de l'indignation.

J'en ai discuté avec mon Jiminy Cricket personnel :

« Je ne suis pas contente de ces textes. Je n'aime pas leur côté imprécation, alors que je ne supporte pas ce ton, tellement à la mode en ce moment. Chacun persuadé qu'il a raison et l'autre tort, et tout le monde épiant tout le monde du coin de l’œil, c'est irrespirable !

- C'est l'état dans lequel t'a mise tout ce que tu racontes. Et si les gens sont dans cet état, c'est qu'ils regardent trop la télé, mangent mal ou que le monde est devenu une jungle hostile, va savoir... Et puis, pour rentrer dans le lard d'un consensus mou, il faut en général y aller assez fort...

- Quoiqu'il en soit, je n'ai pas envie de participer au concert planétaire des imprécateurs. Je me suis précipitée pour mettre ces textes en ligne, comme si c'était vital et absolument indispensable, comme si le monde n'attendait que ma voix sacrée. Alors qu'il faut toujours laisser reposer un texte. Et se méfier quand on commence à penser de soi-même qu'on pense...

- Tu fais ce que tu veux. 

- Je crois que je me sentirai mieux si je laisse décanter tout ça.  »

Dont acte.

dimanche 22 juin 2014

La faute à 68 - Décidément, les romans graphiques, c'est vraiment extra pour aborder l'histoire immédiate. Dans celui-ci nous sont décrits entre autres les multiples et stériles débats de l'extrême gauche italienne avant les années de plomb. Entre autres.

Misery loves comedy - Ce mec est un génie du dessin, il a mauvais caractère et de très mauvais penchants (et ne s'en cache pas, ce qui est très reposant). Il a travaillé comme correcteur dans l'édition scientifique et s'est coltiné des collègues bien attaqués (on leur prépare un space cake quand tu veux, Ivan !), il déteste l'humanité sans renier un idéalisme farouche. Si vous vous reconnaissez dans ce portrait, forcez votre bibliothécaire à acheter ce livre : il peut sauver des vies !

vendredi 20 juin 2014

It's a free world !  (Ken Loach) - Angie en a assez de se faire balader à tout bout de champ dans son travail ; sa copine Rose bousille sa belle jeunesse dans un call center alors qu'elle a un bac + 3. Angie décide de monter une entreprise d'intérim : elle connaît toutes les ficelles du métier et le monde du travail lui a appris de quel côté du bureau il valait mieux se trouver. 
Rose se charge de la partie administrative et Angie enfourche sa moto, à la recherche de contrats et de personnes pour remplir ces contrats. Elle rencontre donc des patrons (qui lui expliquent de quelle main-d’œuvre ils ont besoin) et de potentiels intérimaires. 
Au fur et à mesure que l'entreprise prend forme, il devient de plus en plus évident qu'il est plus intéressant de travailler avec des étrangers en situation irrégulière, d'autant qu'Angie calcule qu'il est encore plus rentable de monter en parallèle une usine à sommeil.
Ken Loach, je n'ai jamais l'impression qu'il est en train de me filouter quand je regarde un de ses films et c'est très agréable, comme sensation.

Ouf ! - Au Brésil, l'équipe de foot française vient de ratatiner la Suisse. Hollande et Valls respirent, on va enfin pouvoir parler uniquement de foot, de pizza et de bière !

samedi 14 juin 2014

Avantages, désavantages et accumulation

Les psychologues de Pôle Emploi appellent à la grève le 17 juin parce que leurs conditions de travail sont très dégradées et que les pratiques managériales sont douteuses. J'avoue que cette nouvelle m'a un peu fait ricaner, dans la mesure où Pôle Emploi affiche et relaie sans frémir des annonces d'emploi bourrées de choses douteuses et parfois pas loin d'être dégradantes. Je vais finir par croire qu'il y a deux sortes de travailleurs : ceux pour qui c'est grave, les conditions dégradées et les pratiques managériales douteuses, et ceux pour qui c'est pas grave, tout (y compris le grand n'importe quoi) valant mieux que d'être au chômage.

J'écoute une émission sur le travail sur France Culture, une retransmission des cours du Collège de France, et le type utilise des termes comme « désavantages cumulatifs » et « avantages cumulatifs », une autre manière de dire les choses.

Et sinon, il fait chaud, les orteils ont envie de frétiller hors des chaussettes.

lundi 2 juin 2014

L'atelier - Deux jours, une nuit

L'Atelier - Samedi soir, pièce de théâtre jouée par une troupe d'amateurs, décor un peu trop déco (draps en lin partout, fer à repasser d'époque, machine à coudre Singer, je me souviens que c'était vachement à la mode à la fin des années 70, comme la nostalgie d'un âge d'or révolu et totalement vidé de toute sa vérité, avant que les années 80, le gris et le pointu ne viennent balayer tout ça), et puis hop ! d'un seul coup une des actrices se saisit d'une paire de ciseaux ornée de plastique rouge et rend encore plus palpables les efforts pour faire vrai et d'époque. Mais je fais ma pimbêche, la pièce était très bien jouée, avec juste ce qu'il faut d'hésitation et de trous de mémoire pour qu'on se rappelle qu'il s'agit d'un travail amateur.

La pièce, c'est L'Atelier, de Jean-Claude Grumberg : dans un atelier de confection parisien, les ouvrières et ouvriers (en l'occurrence, il n'y en a qu'un, le presseur) et les patrons réagissent différemment aux événements récents (il semblerait qu'il se soit passé un certain nombre de choses durant l'Occupation, dis donc !).

A la fin de la pièce (j'avoue que j'ai eu les larmes aux yeux à un moment et ça m'a énervée, je m'en voulais de réagir comme une midinette), j'attends ma belle-mère, partie embrasser un des jeunes acteurs qu'elle connaît. Une des actrices salue une jeune femme à côté de moi. 

« C'était bien, bravo ! Mais ça nous fait quand même un peu la morale ! » proteste avec vigueur la spectatrice.

Deux jours, une nuit -  Le patron de Sandra a organisé un vote dans son usine : Sandra conserve son emploi ou chaque employé touche une prime de 1 000 euros. Ses collègues ont voté pour la prime et donc pour le chômage de Sandra, mais le patron a accepté que le vote soit reconduit le lundi suivant, le contremaître ayant manifestement influencé la décision de certains ouvriers. Sandra a donc le week-end pour contacter ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime car elle veut conserver son emploi : son mari et elle ont contracté un crédit et ont besoin de son salaire. Bien entendu, pour les collègues de Sandra, 1 000 euros, c'est une forte somme (j'ai entendu à la radio une journaliste glousser sur la faiblesse de la somme). Pour ma part, je trouve le film gentillet et Marion Cotillard parfaite dans son rôle. Mon mari ressort tout énervé de la séance : 
« C'est quoi, ces connards qui participent à un vote aussi con ? 
- Ne me dis pas que tes dernières expériences dans le monde du travail ne t'ont pas ouvert les yeux sur certains comportements humains ? 
- Oui, sans doute, mais à une époque, le patron qui aurait imaginé un truc pareil, il avait droit à une grève direct !
- Les temps ont changé et tu le sais très bien.
- Mais je ne comprends pas qu'elle soit aussi gentille, cette nana !
- Tu as raison, moi aussi, je savais en allant voir le film que je risquais d'être agacée par sa gentillesse et sa compréhension générale. En même temps, tu en penserais quoi, d'une nana qui aurait tout le temps la bave aux lèvres ?
- Elle a quand même toutes les raisons d'être en colère, il me semble.
- On est d'accord. Mais les gens qui sont susceptibles de s'identifier aux collègues de Sandra, tu ne peux pas leur rentrer dedans et leur dire tout de go qu'ils sont des pourris et des connards, il faut être gentil avec eux, leur expliquer, les comprendre, enfin je suppose que c'est ce que se sont dit les réalisateurs. En même temps, les gens qui vont voir leurs films, c'est pas non plus des prolos... »

Le collectif de travail décrit par les frères Dardenne relève pour moi de la mythologie : les gens que j'ai côtoyés récemment dans le monde du travail auraient voté sans état d'âme aucun pour leur prime et sans doute aussi, et sans qu'on le leur demande, pour la lapidation de Sandra. 

Je sais, je ne suis pas gentille.


mercredi 21 mai 2014

Harry Hipster Gibson - Who Put The Benzedrine In Mrs. Murphys Ovaltine (...

Les amis de l'ami Ricoré ne sont pas mes amis

J'ai toujours eu mauvais esprit.  C'est d'ailleurs, je tiens à le signaler, un truc que les Américains nous envient, cette capacité, que nous avons, nous autres Français(e)s, à bouder et à toujours tout remettre en question, façon traqueurs de petites bêtes. Si si.

J'ai également du mal parfois à me lever le matin, à cause de plein de raisons, notamment parce que j'ai du mal à me coucher comme les poules et à dormir à peine la tête posée sur l'oreiller du sommeil du juste, et ça depuis que je suis toute petite, je préfère prévenir, des fois qu'on m'accuse de tout et du reste.

Du coup, je fais partie des gens que l'ami Ricoré avec ses pains et ses croissants, sa blondeur positive et saine et matinale a toujours largement fait ricaner. Je reconnais que ça ne plaide pas forcément en ma faveur, à l'heure où il semblerait que la sinistrose ambiante relève plutôt d'un défaut d'optimisme des vouzémoi, ces esprits chagrins qui font rien qu'à ne pas se rendre compte que chaque porte qui se claque dans ta gueule est surtout et avant tout, si tu sais garder la positive attitude, une opportunité qui se présente. Hé ouais ! A se demander même pourquoi certains semblent tellement intéressés à surtout bien s'assurer qu'ils ne se les prendront pas dans la gueule, ces fameuses portes pleines de pas croyables opportunités à saisir.
Comme l'ami Ricoré commençait à se sentir un peu seul à pousser à la roue, des amis à lui bien intentionnés ont tenu à nous faire savoir  que pour ne pas avoir de coupure d'eau et ne plus être des tire-au-cul en short affalés comme des gorets avec des gros chiens, il suffit de manger des tartines aux graines au petit déjeuner. 
Une tartine aux graines, et hop ! magie magique, on est transformé en trentenaire prêt à aller bosser dans des fringues de burelier. 
Et le plus fort, c'est que ça marche pour les filles et les garçons, pince-moi je rêve !

PS : Cet article contient du placement de produit. Et si tu le lis à l'envers, tu découvriras le secret de l'univers.


jeudi 8 mai 2014

lundi 5 mai 2014

Circulez, y'a rien à voir !

Hier soir, vu Les Nouveaux Chiens de garde sur LCP. Sur le plateau, après le film, Franz-Olivier Giesbert, que le monde entier nous envie, Elie Cohen et un chercheur du CNRS avec une mignonne tête de souriceau, dont j'ai oublié le nom, vous n'avez qu'à chercher, j'ai la flemme.

Le film est bien intéressant et pointe le fait que les médias dominants sont trustés par des journalistes et des experts acquis à l'idéologie libérale. Idéologie qui a fait ses preuves, dans la mesure où elle leur permet de profiter d'une position enviable et d'ailleurs, circulez y'a rien à voir, toute critique du monde merveilleux dans lequel vivent les élites est sujette à caution parce qu'elle émane d'envieux et de jaloux et puis aussi parce que c'est forcément de l'idéologie (l'idéologie libérale est, elle, la Vérité Vraie Révélée et apporte joie bonheur prospérité à l'humanité prosternée, amen).

Giesbert accabla le film de son mépris de lumière de la pensée (« bêtasson et con », lâcha-t-il dans un rictus) et ça valait le coup de rester devant son poste pour entendre une critique de ce niveau.

Le chercheur du CNRS parla, lui, de nomenklatura, pratiquement en s'excusant.

La journaliste ne titilla pas les invités présents sur le dîner du Siècle, cercle d'autorités dont font partie Cohen et Giesbert, on aurait pourtant aimé qu'ils nous expliquent qu'on était trop cons pour comprendre l'intérêt de ces réunions entre gens du même monde (cherche pas, tu n'es pas concerné, t'es trop con, moi pareil).

Selon Sa Haute Giesbertitude, c'était même pas grave que les grands journaux soient détenus par des marchands d'armes ou des industriels, vu que les journalistes avaient la possibilité de démissionner pour aller travailler ailleurs s'ils n'étaient pas d'accord avec leur patron. En plus, le film avait oublié de parler du numérique et d'internet, et c'était con et bêtasson, parce que ces nouveaux canaux remettaient tout en question.

La journaliste oublia de le titiller sur la télé publique. Il reste encore quelques chaînes censément de service public et donc on est en droit de demander (en tant que cons de base qui paient leur redevance et se gardent bien de regarder les infos sur France 2, tant ils savent que ce sera au mieux une pâle copie du journal de TF1) à Pujadas de ne pas se rendre à des dîners qui regroupent la fine fleur de la pensée libérale française, afin de garantir une vraie diversité de l'information et pas la soupe tiède qu'on nous sert tous azimuts, sur toutes les chaînes, dans la joie et la bonne humeur.

vendredi 2 mai 2014

Tokyo Freeters

Vu ce soir un documentaire sur les freeters (les jeunes travailleurs précaires japonais) sur LCP. 

Ils sont corvéables à merci, gagnent difficilement de quoi survivre et interrogent une société qui les considère comme des perdants : 

« Face à qui ai-je perdu ? 
Qui sont les gagnants ? »