mardi 31 décembre 2013

Une dernière pour la route

Dans Télérama, ils aiment les projets qui rassemblent la société française déchirée et encouragent Le Seuil, qui lance une collection qui « donne la parole aux oubliés et aux invisibles ». 

Raconter la vie, la filiale du Seuil qui gère ce magnifique concept, embauche donc un(e) stagiaire titulaire d'une licence ou d'un master, qui doit avoir déjà effectué un stage. Salaire : 450 euros/mois (prime envisageable). 

Allez, on se précipite, il n'y en aura pas pour tout le monde !

Bonne fin d'année ! 

Merci au Seuil et à Télérama de clore cette année en beauté, ça fait du bien de rire, vraiment !

vendredi 20 décembre 2013

Le cours des choses

Je viens de lire cet article énervé, paru sur le site Paye ton précaire, il y a déjà un peu de temps.
 
J'avais une vague colère qui traînait, je ne me souvenais plus trop pourquoi et puis je me suis rappelé.
 
Hier soir, j'ai fait un truc que je ne fais plus depuis longtemps, j'ai jeté un œil sur Le Grand Journal, l'émission animée par de Caunes sur Canal +.
 
Une séquence bien pénible avec exhibition de chômeur au bout du rouleau qui promet qu'il va dormir dans sa voiture le soir de Noël. Mines compatissantes des animateurs et forte impression qu'on nous prend pour des cons.
 
Je redoute autant les mines compatissantes des dames patronnesses qui œuvrent au sein des diverses associations caritatives, humanitaires, sociales, tellement bien décrites par Orwell dans son Down and Out in Paris and London (je l'ai lu en anglais, ouaip).
 
J'ai zappé, bien écœurée, on ne m'y reprendra pas de sitôt.
 
Entendu ce matin très tôt à la radio le programme concocté par l'UMP, qui compte bien reprendre les clés de la caisse, à base de chômeurs feignants, assistanat et autre travail forcé...
 
Repensé à un certain nombre de discussions que j'ai eues récemment avec des gens qui travaillent, avec toute la gamme des « C'est comme ça, on ne peut pas faire autrement »,
« Il faut s'adapter  », « J'ai toujours anticipé » (sous-entendu, tu devrais y mettre un peu du tien) et la lassitude des ceux qui trouvent que le monde n'est pas si mal fait finalement et qu'il y en a marre de tous ces gens négatifs.
 
Comme j'ai mauvais fond, il m'arrive de répondre « Non » quand on me demande si ça va, et même de développer un peu, bien consciente que j'emmerde copieusement mon interlocuteur. Il s'agissait d'une question rhétorique, personne n'a envie de fréquenter une précaire mariée à un cancéreux précaire, encore un coup à se filer le bourdon, merci bien.
 
Du coup, je ne fréquente plus grand-monde en ce moment, il vaut mieux être seule que mal accompagnée.
 
Je cherche d'autres connexions, plus proches de mes préoccupations, des gens qui n'ont pas peur de regarder la réalité en face et qui refusent de laisser le cours des choses suivre son cours.

dimanche 8 décembre 2013

Nous ne voulons pas vivre comme des esclaves !

J'ai donc acheté Alternatives internationales, et je suis en train de le lire (c'est touffu).
 
Je me suis bien évidemment ruée sur les articles annoncés par une belle accroche en couverture et qui concernent les précaires. Précarité galopante dans l'édition et la communication, entre autres, secteurs pourtant pas vraiment réputés pour crever famine.
 
C'est bête, mais je me sens un peu moins seule. A force de me faire regarder dans les trous de nez comme une bête curieuse feignante et maladroite à tout bout de champ, faire partie d'une cohorte statistique, ça me rassure. Tandis que ce qui les rassure, les crapahuteurs de fosses nasales, c'est que je n'ai que ce que je mérite et que ça ne risque pas de leur arriver.
 
Au passage, il fut un temps où je fréquentais Categorynet, forum des correcteurs et des professionnels de la communication écrite. Les personnes qui tenaient en main ce forum (en général affiliées aux principaux syndicats) avaient une seule solution : il ne fallait pas accepter des boulots mal payés. Il y en avait même une qui conseillait à tour de bras de plutôt aller faire des heures de ménage...
 
Alors que la précarité gagnait du terrain de façon alarmante, il n'y a jamais eu d'appel à la grève ou de mouvement général pour protester contre cet état de fait. Ces syndicats ont fermé les yeux sur les CDD en rafale, les formules de rémunération fantaisistes (droits d'auteur et tout ce qui permet de ne pas payer de charges), les incitations à devenir auto-entrepreneur, renvoyant les petites mains de l'édition à la solitude de leurs chambrettes, tout en leur reprochant de ne pas se syndiquer.
 
Sinon, cet après-midi, je suis allée à la manifestation organisée par les associations de chômeurs et de précaires. Un jeune homme rageur a traversé notre petit groupe de quinquas et sexagénaires hérissé de drapeaux en râlant qu'on ferait mieux d'aller bosser.
 
Dans le défilé, des jeunes gens connaissaient toutes les paroles de l'Internationale. Au débouché du cours Aristide Briand, ils chantaient quand nous sommes arrivés place de la Victoire. Un groupe du PCF avec plein de drapeaux attendait en silence (un hommage était prévu pour Mandela), pas un n'a repris la chanson, c'est là qu'on se rend compte qu'il y a de vrais clivages à gauche.