dimanche 22 juin 2014

La faute à 68 - Décidément, les romans graphiques, c'est vraiment extra pour aborder l'histoire immédiate. Dans celui-ci nous sont décrits entre autres les multiples et stériles débats de l'extrême gauche italienne avant les années de plomb. Entre autres.

Misery loves comedy - Ce mec est un génie du dessin, il a mauvais caractère et de très mauvais penchants (et ne s'en cache pas, ce qui est très reposant). Il a travaillé comme correcteur dans l'édition scientifique et s'est coltiné des collègues bien attaqués (on leur prépare un space cake quand tu veux, Ivan !), il déteste l'humanité sans renier un idéalisme farouche. Si vous vous reconnaissez dans ce portrait, forcez votre bibliothécaire à acheter ce livre : il peut sauver des vies !

vendredi 20 juin 2014

It's a free world !  (Ken Loach) - Angie en a assez de se faire balader à tout bout de champ dans son travail ; sa copine Rose bousille sa belle jeunesse dans un call center alors qu'elle a un bac + 3. Angie décide de monter une entreprise d'intérim : elle connaît toutes les ficelles du métier et le monde du travail lui a appris de quel côté du bureau il valait mieux se trouver. 
Rose se charge de la partie administrative et Angie enfourche sa moto, à la recherche de contrats et de personnes pour remplir ces contrats. Elle rencontre donc des patrons (qui lui expliquent de quelle main-d’œuvre ils ont besoin) et de potentiels intérimaires. 
Au fur et à mesure que l'entreprise prend forme, il devient de plus en plus évident qu'il est plus intéressant de travailler avec des étrangers en situation irrégulière, d'autant qu'Angie calcule qu'il est encore plus rentable de monter en parallèle une usine à sommeil.
Ken Loach, je n'ai jamais l'impression qu'il est en train de me filouter quand je regarde un de ses films et c'est très agréable, comme sensation.

Ouf ! - Au Brésil, l'équipe de foot française vient de ratatiner la Suisse. Hollande et Valls respirent, on va enfin pouvoir parler uniquement de foot, de pizza et de bière !

samedi 14 juin 2014

Avantages, désavantages et accumulation

Les psychologues de Pôle Emploi appellent à la grève le 17 juin parce que leurs conditions de travail sont très dégradées et que les pratiques managériales sont douteuses. J'avoue que cette nouvelle m'a un peu fait ricaner, dans la mesure où Pôle Emploi affiche et relaie sans frémir des annonces d'emploi bourrées de choses douteuses et parfois pas loin d'être dégradantes. Je vais finir par croire qu'il y a deux sortes de travailleurs : ceux pour qui c'est grave, les conditions dégradées et les pratiques managériales douteuses, et ceux pour qui c'est pas grave, tout (y compris le grand n'importe quoi) valant mieux que d'être au chômage.

J'écoute une émission sur le travail sur France Culture, une retransmission des cours du Collège de France, et le type utilise des termes comme « désavantages cumulatifs » et « avantages cumulatifs », une autre manière de dire les choses.

Et sinon, il fait chaud, les orteils ont envie de frétiller hors des chaussettes.

lundi 2 juin 2014

L'atelier - Deux jours, une nuit

L'Atelier - Samedi soir, pièce de théâtre jouée par une troupe d'amateurs, décor un peu trop déco (draps en lin partout, fer à repasser d'époque, machine à coudre Singer, je me souviens que c'était vachement à la mode à la fin des années 70, comme la nostalgie d'un âge d'or révolu et totalement vidé de toute sa vérité, avant que les années 80, le gris et le pointu ne viennent balayer tout ça), et puis hop ! d'un seul coup une des actrices se saisit d'une paire de ciseaux ornée de plastique rouge et rend encore plus palpables les efforts pour faire vrai et d'époque. Mais je fais ma pimbêche, la pièce était très bien jouée, avec juste ce qu'il faut d'hésitation et de trous de mémoire pour qu'on se rappelle qu'il s'agit d'un travail amateur.

La pièce, c'est L'Atelier, de Jean-Claude Grumberg : dans un atelier de confection parisien, les ouvrières et ouvriers (en l'occurrence, il n'y en a qu'un, le presseur) et les patrons réagissent différemment aux événements récents (il semblerait qu'il se soit passé un certain nombre de choses durant l'Occupation, dis donc !).

A la fin de la pièce (j'avoue que j'ai eu les larmes aux yeux à un moment et ça m'a énervée, je m'en voulais de réagir comme une midinette), j'attends ma belle-mère, partie embrasser un des jeunes acteurs qu'elle connaît. Une des actrices salue une jeune femme à côté de moi. 

« C'était bien, bravo ! Mais ça nous fait quand même un peu la morale ! » proteste avec vigueur la spectatrice.

Deux jours, une nuit -  Le patron de Sandra a organisé un vote dans son usine : Sandra conserve son emploi ou chaque employé touche une prime de 1 000 euros. Ses collègues ont voté pour la prime et donc pour le chômage de Sandra, mais le patron a accepté que le vote soit reconduit le lundi suivant, le contremaître ayant manifestement influencé la décision de certains ouvriers. Sandra a donc le week-end pour contacter ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime car elle veut conserver son emploi : son mari et elle ont contracté un crédit et ont besoin de son salaire. Bien entendu, pour les collègues de Sandra, 1 000 euros, c'est une forte somme (j'ai entendu à la radio une journaliste glousser sur la faiblesse de la somme). Pour ma part, je trouve le film gentillet et Marion Cotillard parfaite dans son rôle. Mon mari ressort tout énervé de la séance : 
« C'est quoi, ces connards qui participent à un vote aussi con ? 
- Ne me dis pas que tes dernières expériences dans le monde du travail ne t'ont pas ouvert les yeux sur certains comportements humains ? 
- Oui, sans doute, mais à une époque, le patron qui aurait imaginé un truc pareil, il avait droit à une grève direct !
- Les temps ont changé et tu le sais très bien.
- Mais je ne comprends pas qu'elle soit aussi gentille, cette nana !
- Tu as raison, moi aussi, je savais en allant voir le film que je risquais d'être agacée par sa gentillesse et sa compréhension générale. En même temps, tu en penserais quoi, d'une nana qui aurait tout le temps la bave aux lèvres ?
- Elle a quand même toutes les raisons d'être en colère, il me semble.
- On est d'accord. Mais les gens qui sont susceptibles de s'identifier aux collègues de Sandra, tu ne peux pas leur rentrer dedans et leur dire tout de go qu'ils sont des pourris et des connards, il faut être gentil avec eux, leur expliquer, les comprendre, enfin je suppose que c'est ce que se sont dit les réalisateurs. En même temps, les gens qui vont voir leurs films, c'est pas non plus des prolos... »

Le collectif de travail décrit par les frères Dardenne relève pour moi de la mythologie : les gens que j'ai côtoyés récemment dans le monde du travail auraient voté sans état d'âme aucun pour leur prime et sans doute aussi, et sans qu'on le leur demande, pour la lapidation de Sandra. 

Je sais, je ne suis pas gentille.