lundi 22 juin 2015

Interlude

Je rumine depuis que j'ai entendu ce matin une énième journaliste traiter de vilain jaloux un brave retraité qui expliquait qu'il avait du mal avec les politiques qui prônaient le serrage de ceinture pour les autres sans jamais se l'appliquer à eux-mêmes. Ce genre de comportement avait l'heur de l'éloigner de la classe politique et de l'urne le jour du vote.

La journaliste a pris un ton docte et pédagogique pour expliquer à ce pauvre homme qu'il n'avait rien compris, que c'était normal que les élites aient un statut enviable, que le peuple aurait tendance à trouver ça naze sinon.

Imaginons ensemble une scène de la vie de tous les jours : un gros méchant à grande gueule vous colle un bon coup de pied dans le derrière. Il insiste et persiste, le monde est une jungle et il entend bien en être le super prédateur.

Vous avez deux options : soit vous la fermez (gros costaud grande gueule, avouez que ça découragerait n'importe qui). Soit vous ne pouvez vous retenir et vous glapissez votre déconvenue et votre douleur, allant même jusqu'à demander haut et fort si par hasard, dans un monde civilisé, il n'y aurait pas moyen de faire quelque chose pour empêcher les grosses brutes d'abuser ainsi de leurs muscles.

Vous devriez tout de même y réfléchir à deux fois avant de manifester votre désaccord, ils sont assez nombreux ces jours-ci ceux qui taxent de jalousie (un nouveau concept, que l'on retrouve à toutes les sauces) les malappris qui ont l'outrecuidance de signifier leur refus de se laisser transformer en sous-citoyen dans un monde confisqué par les médiocres au service de leur petite rente.

jeudi 11 juin 2015

De bon matin

Je n'écoute plus France Inter le matin pour m'injecter ma dose de nouvelles du monde. 

Du coup, ce matin, dans ma salle de bains, j'ai carrément éteint la radio après avoir pesté un moment en entendant sur France Culture les péroraisons autour de l'information suivante : un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté en France.

Ça causait parentalité et rôle du père, présence ou non de l'enfant dans l'espace public (il paraît qu'en Suède, les yuppies déjeunent avec leurs bébés dans les restaurants, c'est quand même plus moderne), « pauvres gosses », GPA et autres sujets de société.

Il me semble qu'une mère seule avec un salaire décent ne se retrouvera pas sous le seuil de pauvreté, mais je peux me tromper.

Pourtant, pas un seul moment ces puissants exégètes n'ont évoqué le fait que la pauvreté n'est pas une maladie transmissible ou génétique, mais un phénomène social, qui ne résulte pas seulement de l'abandon des pères, mais aussi de basses, sordides et pas cool du tout questions matérielles, avec de gros morceaux de salaire dedans.

Un petit article avec plein de chiffres qui m'amène à me poser pas mal de questions, que personne ne se pose apparemment dans les milieux où l'on pense et où l'on cause.

PS : Vous avez remarqué qu'en France on voit de plus en plus souvent des majuscules au nom de mois et de jour, à l'anglaise ?