lundi 14 octobre 2013

Les précaires et les chômeurs, ils devraient déjà être contents de travailler pour moins de 5 euros de l'heure

Une petite vidéo bien éclairante sur une arnaque comme une autre du monde du travail, avec son lot de discours lénifiants et de grumeaux qui collent aux dents. Enjoy !

Si vous connaissez des gens qui ont travaillé dans le secteur de la distribution de prospectus tellement ils étaient tenaillés par l'envie de travailler pour des clopinettes, le film contient des infos intéressantes qui devraient leur permettre de faire requalifier leur CDD en CDI (le contrat par défaut selon le Code du travail).

mercredi 9 octobre 2013

Qu'ils mangent de la brioche !

Ce soir, un prof d'économie à Polytechnique qui défend sur le plateau de 28 minutes les contrats zéro heure anglais, parce que tout vaut mieux que le chômage.
 
Finalement, rester disponible tout le temps, sans garantie aucune qu'on aura un nombre d'heures suffisant pour boucler ses fins de mois, ça lui paraît plutôt pas mal, à ce monsieur dont on doute fortement qu'il ait jamais éprouvé les affres du manque.

En Angleterre, ces contrats concernent aussi l'enseignement, alors on espère que ce monsieur pourra rapidement tester pour lui-même ce qu'il prône pour les autres avec tant de conviction.

Un de ses voisins de plateau réclame lui plus de coercition à l'encontre des chômeurs.

Moralité, pour sortir du chômage, il faut :
  • forcer les chômeurs à travailler (ça serait sans doute pas mal d'arrêter de supprimer plein d'emplois, du coup, non ?)
  • précariser de plus en plus de monde
Parce que maintenant, le principal, c'est que tout le monde soit au travail, peu importent les conditions. 

Fini de faire la fine bouche et de se gaver comme des porcs, il faut se rendre à l'évidence, la situation est vraiment grave et réclame des sacrifices et des efforts.

Comment ça, c'est tout le temps les mêmes qu'on admoneste et qu'on sermonne ? Tout le temps les mêmes qu'on accuse d'être responsables du déclin et des mille malheurs de la France, qu'on envoie au charbon, au front et au casse-pipe, à qui on réclame de la sueur et des larmes, à qui on explique qu'ils sont entièrement reponsables de leur situation de merde, laquelle est par ailleurs tout à fait normale et juste.

Au passage, le prof de Polytechnique avait l'air de ne pas du tout être au courant que le chômage concerne aussi des jeunes gens fort diplômés. Tant que le chômage de masse ne touchera pas les étudiants qui sortent des grandes écoles...

mardi 8 octobre 2013

Éloge de la moule accrochée à son rocher

Ça m'arrive de fréquenter des gens qui ne galèrent pas, qui ont des bons jobs et des payes correctes.

Ce sont des bosseurs. Ils ont vu le vent tourner, ils ont toujours su anticiper. Ils ont une épargne et ils en causent avec gourmandise. Ils savent exactement combien ils toucheront lorsqu'ils seront à la retraite. Ils aiment bien te rappeler en passant avec un petit sourire en coin que tu ne pourras pas profiter de ton épargne. Tu le sais, merci, il se trouve que ça n'a jamais été ton but premier dans la vie.
 
Ça te choque quand même un peu qu'ils semblent prendre tant de plaisir à ta future misère. Ils doivent se réciter La Cigale et la Fourmi tous les soirs, comme d'autres consultent des sites pornos sur Internet, et prendre leur pied. Il faut des compensations dans la vie.

Ils ne sont pas tous de droite. Ils trouvent tout à fait normal que des personnes convenablement éduquées et formées connaissent une précarité galopante, on n'avait qu'à faire comme tous les gens raisonnables : s'accrocher à nos boulots, encaisser, subir et devenir fonctionnaires, c'est tout ! Si on est pauvres, c'est qu'on le mérite, comme les prolos, comme tous les va-nu-pieds, les crevards, les pas-grand-chose.
 
Issus de familles qui ont toujours respecté l'ordre établi et marché droit, ils sont heureux de toucher enfin les dividendes des comportements exemplaires et prudents des générations qui les ont précédés.
 
Certains se prennent pour des pédagogues et des lumières et nous expliquent que l'avenir de notre fille dépend de ses performances mathématiques.
 
On est tellement cons, en plus d'être précaires et pauvres, qu'on n'est pas au courant qu'on vit dans un pays qui voudrait bien balancer aux oubliettes tous les apprentissages inutiles qui attirent les parasites et les asociaux : lettres, histoire, philosophie, sociologie, etc.
 
Les maths, c'est clair et net, c'est fiable comme un algorithme mouliné par des machines molles, c'est l'alpha et l'oméga d'une humanité hygiénique enfin débarassée de ses interrogations superfétatoires et obsolètes.
 
C'est l'outil de sélection ultime d'une main-d'oeuvre évaluée et consentante, obéissante et sans états d'âme, confiante dans la bienveillance de ses chefs, rétive au bizarre et attachée à la permanence des choses de sa vie.
 
Quel que soit le prix à payer pour que le nouvel ordre mondial, qui saccage tant de vies, ne trouble pas son petit confort, n'entame pas ses certitudes et n'obère pas ses privilèges.

lundi 7 octobre 2013

Équanimité, indifférence, insensibilité

Hier soir, enfin ce matin très tôt, après avoir écrit ça, je lis un peu avant de m'endormir. Ça s'appelle Remonter la Marne, c'est ma belle-mère qui me l'a prêté, je continue à le lire mais je me demande parfois pourquoi, peut-être parce que je me dis que ce n'est pas possible, que le gars va finir par se rendre compte.

Je vous livre ce que j'ai lu page 160 :

« Je ne refuse pas de voir les disgrâces de la France marnaise, ni même de les raconter, mais à quoi bon s'attarder sur cette partie si voyante et trop souvent décrite ? Une certaine dose d'insensibilité et même d'indifférence est nécessaire. 

Marcel Duchamp, à qui l'on demandait : 
« Pourquoi êtes-vous pour l'indifférence ? », 
avait répondu : 
« Parce que je hais la haine. » 

La haine anime ceux qui se plaisent à décrire la France comme une entreprise en liquidation. Ils se délectent de cette veillée funèbre, de l'attente de la catastrophe. Dans cet élan destructeur se mélangent la rancoeur, le reniement de soi, le plaisir trouble qu'engendre le refus de connaître et de comprendre. 

Dommage que l'équanimité, qualité d'une âme détachée, à l'humeur égale, ait pratiquement disparu du vocabulaire. »

Coluche le présentait autrement : « Dites-nous de quoi vous avez besoin, on vous expliquera comment vous en passer. » 

Et si vous pouviez faire moins de bruit et être moins voyants, histoire de ne pas troubler notre ascèse philosophique, ça serait parfait.

Circulez, y'a rien à voir !

Vous avez remarqué, certains films ou livres contemporains se passent dans un milieu présenté comme neutre, comme si les personnages vivaient dans un bocal et n'étaient absolument pas concernés par les données économiques (genre les trucs triviaux et un peu sales comme revenu moyen du ménage, patrimoine culturel ou financier).
On est bien d'accord, on n'a pas envie d'entendre vrombir la Mobylette d'Arlette dès qu'on ouvre un livre ou qu'on pose son cul dans une salle obscure, mais tout de même...
Vivons-nous l'âge d'or ? Est-ce totalement la même chose d'être riche ou pauvre ? Vit-on la même réalité ?
J'adore aussi les gens qui me reprochent, lorsque je fais ce genre de remarque (car il m'arrive de prendre un plaisir pervers à mettre les pieds dans le plat et à installer des ambiances pourries), de parler d'argent.
Parler d'argent, mais vous n'y pensez pas, c'est dégoûtant, c'est caca ! Croyez-vous que la littérature ou le cinéma soient là pour faire de la politique ?
Il faut donc accepter comme normal que la plupart des films et des livres, écrits la plupart du temps par des gens issus des classes dominantes, nous concassent avec les heurs et malheurs de gens issus de ces mêmes classes dominantes.
Et surtout accepter comme allant de soi que cela ne relève pas de la politique mais d'un état de fait normal et juste.
S'il arrive qu'un film aborde la vie des pauvres ou des prolos, cette singularité sera tout de suite mise en avant, comme si c'était tellement inhabituel qu'il faille le signaler. Alors qu'on ne se croira pas obligé de signaler systématiquement pour chaque film ou chaque livre le milieu social dans lequel l'intrigue est située si ce milieu est la bourgeoisie.

En plus, les films ou les livres qui parlent des pauvres ont une tendance sordide à parler de pauvreté et de manque d'argent. C'est tout de même quelque chose, ce manque de dignité et ce besoin de gratter ses croûtes, c'est vraiment nécessaire de nous écoeurer avec tout ça ? Et puis, franchement, tout cela est très exagéré : à l'heure actuelle, tout le monde a les mêmes chances.
Les mêmes chances de quoi, on ne sait pas trop exactement.
Les aigris ratés miteux devraient comprendre qu'il faut qu'ils se taisent. Comment ça, ça risque de les aigrir encore plus ?

vendredi 4 octobre 2013

Avocats dans la misère et chômeurs atteints d'Alzheimer : elle est fraîche, mon actu, elle est fraîche !


La justice, c'est vous qui y croyez,
c'est nous qui en vivons.
Honoré Daumier, deux avocats.

 Avocats au RSA, justice dans le caca - Afin de défendre une justice égale pour tous, le syndicat des avocats (déjà, moi, un syndicat des avocats, ça me fait rire, mais il faut le reconnaître, j'ai mauvais esprit à la base), le... pouf pouf ! syndicat des avocats donc, s'indigne haut et fort. Voilà-t-il pas qu'on veut les dépouiller tout debout, leur ôter le pain de la bouche, les réduire à la mendicité pour tout dire ? Est-ce que vous vous rendez compte qu'il est question de diminuer les honoraires alloués aux avocats commis d'office ! Vous ne vous en étiez sans doute pas rendu compte, mais en France, la justice est la même pour tous et chaque citoyen bénéficie des mêmes armes pour obtenir justice. Tout cela grâce, notamment, aux avocats, dont la principale préoccupation est, bien entendu, que la justice soit juste, loin de triviales préoccupations mercantiles voire pognonesques. Il faut donc maintenir leurs revenus, c'est le prix à payer, les pauvres !
Le jeune homme qui est venu plaider cette intéressante vision de la chose au journal de France 3 pouffait d'aise d'avoir réussi à placer l'expression « Justice à deux vitesses ». Il avait sans doute fait un pari avec un pote. Ils sont sans doute en train de boire un coup pour arroser ça.
 
Inversion de la courbe du chômage - Enquête rapide auprès d'une personne de mon entourage, concernée comme moi par le pointage mensuel : on ne reçoit ni l'une ni l'autre de SMS pour nous rappeler que nous devons pointer en fin de mois pour toucher nos indemnités. C'est qui, ces gens à qui il faut rappeler qu'ils doivent pointer ? Des gens qui sont arrivés en fin de droit, qui oublient d'actualiser leur situation parce qu'ils ne touchent pas ou plus d'indemnités ? J'ai vu passer un appel à témoin d'un journaliste (« vous êtes à la recherche d'un emploi mais vous n'êtes plus inscrit à Pôle Emploi, contactez-nous pour nous raconter tout ça »), peut-être qu'on aura des nouvelles dans quelque temps ?
 
La politique, c'est pas bien simple  - Je n'ai pas regardé le débat sur la suppression de quelques unités militaires. J'ai préféré éteindre le poste : M. Bompard, maire d'Orange, supporte difficilement la contradiction, autant le laisser s'exprimer tout son saoul et tout seul. J'ai un peu du mal à comprendre que les débats soient tous plus ou moins confisqués par le Front national en ce moment. C'est le seul parti d'opposition ou bien ? Ils sont compliqués, ces politiques : Marine Le Pen ne veut plus qu'on dise que le FN est d'extrême droite, tandis que Hollande jure sur tous les tons qu'il est socialiste...

mardi 1 octobre 2013

La télé, c'est mauvais, il ne faut pas en abuser !

Deux séries - Under the Dome (King au scénario, Spielberg à la production), j'avoue que j'abordais ça avec un peu de recul (j'ai lu longtemps les histoires horrifiques à lire toutes fenêtres fermées et avec un bon générateur sous la main présentées par Hitchcock, je ne crache pas sur un petit Poe ou un Ranpo Endogawa, mais le gore brutal me fout vraiment les jetons, c'est pour ça que j'ai vite du mal avec les polars à base de serial killers ou autres vrais gros tapés, mon truc c'est plutôt Maigret et ce genre-là, voyez), bref, j'étais largement sceptique, et puis on se laisse prendre par l'histoire, même si franchement, le héros blond est tout sauf sexy et si parfois le scénario est un peu du genre accumulatif...
 
Fais pas ci, fais pas ça : enfin une série française qui déchire, c'est vraiment marrant, intelligent, les acteurs sont excellents, ça donne des idées de reconversion assez perchées même si elles impliquent de supprimer définitivement les escaliers...
 
Actualité potagère - Bon, sinon, je suis rien contente, j'ai un beau potiron dans mon jardin (sur l'air de Strawberry Fields Forever) !