mardi 28 octobre 2014

Le progrès est une fort belle chose

Un petit tour sur le site de l'Asfored pour voir un peu à quoi ressemblent les annonces ces temps-ci dans le monde de l'édition qui recrute. 

Toujours un maximum de stages, y compris pour des boulots qualifiés (c'est pareil partout, je sais). 

C'est moi qui ai mauvaise haleine ou les offres de boulot bien payées sont en plus des CDI ? 

Je ne souhaite la précarisation de personne, entendons-nous bien. Je trouve juste un peu lourdingue que la précarité ET les mauvais salaires tombent sur les mêmes, ces maudits. 

A ce propos, il n'est sans doute pas anodin que Le Figaro se lance ces jours-ci dans une comparaison du statut des travailleurs en CDI et des galériens en CDD.

L'article nous apprend au passage que s'il y a du chômage, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de travail, ce serait trop simple, tas de ramollis du cervelet incultes, mais parce que les entreprises ne peuvent pas embaucher et débaucher à leur gré.

Ces temps ont existé, jadis et naguère : les travailleurs étaient payés à la tâche, lourdables à l'envi et crevaient de misère quand l'ouvrage manquait*. 

Le progrès est décidément une fort belle chose. 

* Les pauvres et leur histoire, Pierre Pierrard, Bayard.

mercredi 15 octobre 2014

Ouf. Il était temps.


Les consciences s'éveillent. La parole, longtemps bâillonnée, jaillit et déferle, portée par une indignation qui ne peut plus se contenir.

Elle est parfois empreinte d’une certaine rudesse, cette parole, ne nous le cachons pas. Ainsi un élu, trémulant de vertueuse colère, a-t-il indiqué que l’on, je cite, « crache à la gueule du principe d’égalité ».  C’est que les mots empêchés, lorsqu’ils finissent par retrouver leurs ailes, le font parfois dans la violence et le fracas. 

Les upper class heroes secouent leurs chaînes et leurs entraves et s’expriment avec vigueur, nous mettant sous le nez une réalité que nous préférons souvent fuir ou feindre d’ignorer. 
Reprenant le flambeau des Hugo et des Zola, ils nous interpellent et nous prennent aux tripes. Nous ne pourrons plus nous voiler la face et détourner les yeux : ils nous empoignent et nous secouent, nous forçant à délaisser nos futiles distractions et nos stratégies d’évitement. 

Nous ne pourrons plus oublier désormais qu’un enfant de riche a les mêmes droits et vaut autant qu’un enfant de pauvre, saperlipopette ! 

Et d’une voix qui fera longtemps sonner l’écho, nous exigerons qu’on ne retire pas les allocs de la bouche de ces pauvres gosses malmenés par une société férocement inégalitaire et un système tout pourri.

jeudi 2 octobre 2014

Il fallait que ça soit dit



Un plaisant moment de rigolade et de contentement en lisant ceci.

EDIT : Bien entendu, je ne voue aucun artiste au camp de travail, de même que je ne voue personne aux travaux forcés auxquels s'assimilent certains boulots mal payés et mal considérés. 

Je n'arrive pourtant pas à trouver normal et juste que de vieux rockers électriques ou des footballeurs aussi talentueux soient-ils, des soi-disant génies picturaux, visuels ou conceptuels aient une seule visée : en croquer un max, quel qu'en soit le prix et quel que soit le monde que cela suppose, quelle importance puisque eux ont réussi à s'extraire du lot, à tutoyer les cimes et à faire partie de la crème de la crème.

Tout le monde a droit à la musique, au dessin, à une expression quelconque de sa palpitation interne. Pourtant les études artistiques sont majoritairement squattées par les rejetons de la bourgeoisie, au même titre que les cursus prestigieux, hé oui, ma pauvre dame, c'est bien dommage, mais c'est comme ça, les pauvres, vous comprenez, c'est fait pour travailler, pas pour gratter la guitare et bayer aux corneilles.

Vous allez me dire qu'il existe des chanteurs et des acteurs issus des classes laborieuses et, comme dirait Mick Jagger* en recalculant ses dernières plus-values, ça prouve qu'avec du talent et de la détermination, tout le monde peut y arriver (le genre de truc tellement rock'n'roll qu'il faudrait en faire une chanson, tiens, ça commencerait comme ça : You can always get what you want (if you try haaaard).

Et sinon, on peut aussi devenir footballeur et s'acheter des tas et des tas de voitures chères et niquer des tas de filles - comme les rockers mais en plus white ou black trash.


* Je n'invente rien, il l'a vraiment dit, dans Télérama, à propos de James Brown, dont il produit le biopic.