dimanche 8 décembre 2013

Nous ne voulons pas vivre comme des esclaves !

J'ai donc acheté Alternatives internationales, et je suis en train de le lire (c'est touffu).
 
Je me suis bien évidemment ruée sur les articles annoncés par une belle accroche en couverture et qui concernent les précaires. Précarité galopante dans l'édition et la communication, entre autres, secteurs pourtant pas vraiment réputés pour crever famine.
 
C'est bête, mais je me sens un peu moins seule. A force de me faire regarder dans les trous de nez comme une bête curieuse feignante et maladroite à tout bout de champ, faire partie d'une cohorte statistique, ça me rassure. Tandis que ce qui les rassure, les crapahuteurs de fosses nasales, c'est que je n'ai que ce que je mérite et que ça ne risque pas de leur arriver.
 
Au passage, il fut un temps où je fréquentais Categorynet, forum des correcteurs et des professionnels de la communication écrite. Les personnes qui tenaient en main ce forum (en général affiliées aux principaux syndicats) avaient une seule solution : il ne fallait pas accepter des boulots mal payés. Il y en avait même une qui conseillait à tour de bras de plutôt aller faire des heures de ménage...
 
Alors que la précarité gagnait du terrain de façon alarmante, il n'y a jamais eu d'appel à la grève ou de mouvement général pour protester contre cet état de fait. Ces syndicats ont fermé les yeux sur les CDD en rafale, les formules de rémunération fantaisistes (droits d'auteur et tout ce qui permet de ne pas payer de charges), les incitations à devenir auto-entrepreneur, renvoyant les petites mains de l'édition à la solitude de leurs chambrettes, tout en leur reprochant de ne pas se syndiquer.
 
Sinon, cet après-midi, je suis allée à la manifestation organisée par les associations de chômeurs et de précaires. Un jeune homme rageur a traversé notre petit groupe de quinquas et sexagénaires hérissé de drapeaux en râlant qu'on ferait mieux d'aller bosser.
 
Dans le défilé, des jeunes gens connaissaient toutes les paroles de l'Internationale. Au débouché du cours Aristide Briand, ils chantaient quand nous sommes arrivés place de la Victoire. Un groupe du PCF avec plein de drapeaux attendait en silence (un hommage était prévu pour Mandela), pas un n'a repris la chanson, c'est là qu'on se rend compte qu'il y a de vrais clivages à gauche.