mercredi 1 février 2012

De l'étonnante destinée d'un despoticule articulé qui cause, qui cause et voudrait bien empêcher tout le monde de dormir

Il m'inquiètait, le gorille, ces temps-ci... Il vitupérait dans sa barbe, il maugréait... Je n'osais pas lui poser de questions, habitué à sa déconcertante façon de toujours me répondre en me posant de nouvelles questions : je ne suis pas taillé pour les abîmes, qu'ils soient perplexes ou pas.

Ce matin, je l'ai trouvé riant à gorge déployée. J'étais bien content d'avoir eu l'idée de lui rendre visite car un ami qui rit est un ami heureux et un ami heureux est un ami qui rit.

Il me salua d'un vaste geste et me pria de m'assoir à sa table. Vous ai-je dit que je suis fort gourmand et que le gorille est un hôte de choix ? Bref, nous nous délectâmes de cookies maison et de nos doigts chocolatés. Pour finir, je demandai à mon ami repus ce qui le faisait donc tant s'marrer.

- Hé bien, me dit-il,  il faudrait vraiment être un pisse-froid pour ne pas rigoler en ce moment, vous ne trouvez pas ? Allons, ne prenez pas cet air idiot, vous allez me chagriner... 

Comme je tâchai de corriger l'expression étalée sur ma pauvre face, il me saisit par l'épaule et me secoua comme un prunier :

- Hé mon zami !, tu ne trouves pas ça poilant et hilarant, tout ça ? Je vais te raconter une histoire qui devrait te dérider : Il était une fois un petit pays fort joli, bordé par la mer et l'Océan, un vrai paradis sur Terre, crois-moi ! Or il advint que ce pays tomba par ruse dans les pattes d'un jean-foutre de première bourre. Lequel jean-foutre pilla tant et plus les caisses du délicieux pays, avant de tenter d'installer toute sa descendance à des postes tous plus peinards les uns que les autres. Tandis que le peuple du wunderbar pays suait sang et eau pour alimenter la pompe à pognon que l'indélicat maniait à tour de bras, le jean-foutre faisait cuire des saucisses et prenait des douches dans des atours absolument pharaoniks, tant il est vrai qu'il avait toujours eu un mal fou à se faire prendre au sérieux et ne pensait pas exister s'il n'était pas muni d'un maximum de gadgets fort coûteux.

Le peuple, qui en avait ras-le-bol qu'on lui colle un pistolet sur la tempe pour lui prendre toutes ses pistoles, décida qu'il était temps de bouter le forcené hors du pays.
L'indélicat despoticule le prit fort mal : il augmenta derechef les impôts, histoire de bien racler les fonds de tiroir avant de s'en mettre jusque-là de la dolce vita, et envoya tous ses ministres faire les gros yeux et menacer des pires zatrocités et représailles les habitants du pays, les exhortant à la raison, les tançant et leur promettant cauchemars, tortures et lendemains douloureux.

Las, les habitants le et les regardaient avec étonnement et se marraient comme je le fais à présent, ah ah ah ah ah ah !

Assez ri, comme dirait Boby Lapointe, revenons à nos oignons : Avez-vous trouvé une solution à mes problèmes de chaussettes ?