mardi 6 août 2013

◄ Force est de constater qu'équanimité et blairitude ne font pas bon ménage ‼

Il a fallu que je sacrifie encore une fois ma pause déjeuner pour retourner voir mes amis de Pôle Emploi, parce que mon compte bancaire criait famine.
Épisodes précédents : postage à deux reprises de photocopie de feuille de paie, déposage du même document à un guichet et rien nada ballepeau bernique et silence glacial.
Je me pointe donc à nouveau dans les locaux de Pôle Emploi, un peu énervée, il faut le dire, on est le 5, j'aime rire mais il y a tout de même des limites. La jeune fille qui me reçoit dans un premier temps commence  par me dire que je n'ai sans doute pas déposé le document et je l'arrête tout de suite, j'aime rire mais il y a tout de même des limites.
Le connaud se pointe alors et m'aboie « Bonjour ! » à la face, façon de me faire remarquer mon incroyable impolitesse. Il sortait juste d'un bureau dans lequel il venait de mal parler à une dame, on le sentait remonté comme un coucou et bien décidé à bouffer du chômiste pour son déjeuner.
Comme ça fait un moment qu'il me court sur le haricot, que cette histoire de feuille de paie fantôme commence elle aussi à avoir des effets néfastes sur mon habituelle et légendaire équanimité, je lui rétorque un peu froidement que je ne crois pas qu'il va me donner des leçons de politesse. Il répond l'insolent qu'il a plein de choses à m'apprendre avec une bonne tête à claques. Comme il est prétentieux, qu'il brasse de l'air et fait l'important pour pas grand-chose, il ajoute qu'il faut renvoyer le document pour que mon dossier soit traité, tout cela assorti d'une grimace qui signifie clairement que s'il peut aggraver les choses, il le fera avec la plus grande malveillance.
« Vous n'allez pas saloper mon dossier parce que je vous ai indiqué que vous n'aviez pas à m'apprendre la politesse, j'espère ? », je fais, soupçonneuse (ascendant lémurien, certes, j'aime rire, certes, mais il y a tout de même des limites)
« Si vous réagissez comme ça à chaque fois qu'on vous dit bonjour... » Il a osé m'appeler « la petite dame » sur un ton goguenard la dernière fois que je suis venue, je tourne les talons dès que je le vois normalement tellement il se permet de parler aux personnes qui ont le malheur de fréquenter les locaux de Pôle Emploi d'une façon brutale, incorrecte, tout cela sans jamais faire son travail, qui est tout de même de renseigner les gens, il est donc très bien placé pour donner des leçons de politesse, ce malotru mal embouché.
« Premièrement, vous allez me donner votre nom, parce que là, ça commence à bien faire, vous n'avez pas à parler aux gens comme ça, c'est inadmissible ! » L'option appelez-moi le directeur, finalement, il faut oser de temps en temps, même si on se sent un peu merdeux depuis qu'une célèbre (?) série de comiqueries l'a galvaudée et ridiculisée.
Il fait un peu moins le faraud et me donne son nom de famille, que je note soigneusement et il continue à me chercher des noises. Je finis par quitter l'agence hors de moi en lui hurlant que je ne viens pas à Pôle Emploi pour me faire chier sur la gueule par un blaireau.
Je sais. Mais il m'avait vraiment énervée et la verdeur du propos n'entache en rien le fond de la chose : merde bordel fait chier ça fait deux papelards que j'envoie, un que je dépose, deux fois que je viens, tout ça pour nibe et en plus, l'autre mongolien me tartit savamment.
Je sors de là furibarde et en surrégime, pour m'apercevoir au bout de la rue que c'est bien joli tout ça mais que mon problème n'est pas réglé, il faut que je revienne sur mes pas et que je demande koikès.
Ma fausse sortie a déclenché Super Blaireau qui est allé consulter mon dossier et braille comme un damné que c'est parce qu'il y a une erreur dans ma déclaration que le dossier n'est pas traité. Il aurait fait son boulot plus tôt (la dernière fois que je suis venue, il y a une semaine, par exemple), j'aurais déjà mes sous et il se serait évité de se faire traiter de ce qu'il est, soit dit en passant. Une dame que j'ai déjà vue et qui est spécialiste de l'indemnisation lui enjoint de quitter les lieux et m'indique qu'elle prend le relais. Il essaie bien, le féroce sycophante, de relancer le débat, mais j'indique à la dame que je refuse de m'adresser à lui et elle temporise.
Finalement, elle a réglé l'affaire en deux coups de cuiller à pot : il suffisait de consulter le dossier, ce qui permettait de constater que ma feuille de paie y était bien enregistrée (du coup, n'est-ce pas, ça n'aurait pas fait avancer beaucoup les scmilblick de la renvoyer...) et que c'était parce que j'avais déclaré trop d'heures que la Machine refusait de fonctionner correctement...
Lorsque je suis sortie du bureau de la dame après l'avoir chaleureusement remerciée d'avoir enfin traité tout ça, un jeune type a soufflé d'un air excédé sur mon passage  et ça voulait sans doute dire : « Celle-là, elle tape des scandales et puis après elle prend plein de temps pour régler ses petites affaires pendant que je suis obligé d'attendre, elle pourrait pas faire comme tout le monde et dire oui à tout, ça irait plus vite, tout de même ? » mais j'ai fait comme si je n'avais rien entendu, j'avais eu mon compte et la dame venait de m'assurer en me le montrant sur son écran que des sous n'allaient pas tarder à trébucher et sonner dans mon escarcelle, et ça suffisait à mon bonheur dans l'immédiat. Mais je vais quand même le dire, parce que ça soulage :
« Content pas content, c'est pareil, et je t'emmerde, Ducon ! »

On ne dira jamais assez les vertus de l'expression colorée, qui subit ces temps-ci les assauts concomitants du politiquement correct et du peigne-zizi.
Je crois que je vais écouter un peu de musique et puis lire des choses écrites sans gros mots et avec plein de coussins et des tas de gens que ne dérangent pas les petites atrocités mesquines de l'emmer...
de l'harassante vie de tous les jours, moi...
C'est tout. Vous pouvez fumer.