mercredi 12 juin 2013

Un courrier à la ministre de la Santé

Madame Marisol Touraine
Ministre des Affaires sociales et de la Santé
14, avenue Duquesne
75350 Paris 07 SP

Bordeaux, le 10 juin 2013



Madame la ministre,

Je vous ai adressé le 22 mars 2013 un courrier qui est resté sans réponse.

Je vous y faisais part de ma surprise et de mon indignation relatives à la non-prise en charge par la Sécurité sociale des soins de parodontie.

Le parodontiste que j’ai consulté a établi un devis qui avoisine allégrement les 5 000 € (voir photocopie jointe).


En effet, les dégâts causés par cette maladie diagnostiquée très tardivement (bien que je consulte très régulièrement et sagement le dentiste) sont importants et pour bien faire, il faudrait recourir à deux implants, m’ôter un bridge antique et autres fariboles du même acabit.

Cette somme pharaonique correspond, Madame la ministre, à une demi-année de mes revenus (je vous prie de bien vouloir excuser le tour un peu pathétique que prend ce courrier, c’est bien involontaire, croyez-moi).

Je me suis rendue à l’hôpital pour tenter d’obtenir des tarifs plus en rapport avec la modicité de mes émoluments, mais il m’a été répondu fort aimablement que les tarifs en vigueur en parodontie étaient en effet fort élevés et qu’il n’y avait pas moyen, même au sein des hôpitaux publics, de se faire soigner sans souscrire de crédit ou vendre père et mère.

Je me réjouis que les parodontistes gagnent bien leur vie et aient choisi un créneau porteur, ce n’est pas tous les jours qu’on apprend une excellente nouvelle, sachons les apprécier comme il se doit.

Afin de stopper la progression de l’attaque bactérienne qui a ma bouche pour théâtre, le parodontiste a procédé à un surfaçage radiculaire (un détartrage très poussé avec nettoyage des poches), m’a expliqué qu’il faudrait que j’utilise désormais des brossettes après le brossage, pour lequel il me faudrait employer une brosse à dents électrique.

Tout cela pour la modique somme de 390 €, sur lesquels sont indiqués une base de remboursement de 28,92 €, qui correspond au remboursement d’un détartrage classique.

Reste donc à ma charge la différence entre le remboursement de la Sécurité sociale et la somme à acquitter, soit pas loin de 370 € (2 440, 48 francs).

Je suis soucieuse de ma santé, je tiens à garder mes dents et je paye mes dettes. J’ai donc acquitté la facture du parodontiste (que je vous joins), j’ai acquis brossettes et brosse à dents électrique.

Les brossettes coûtent 10 € les 6 + 15 € les 12 (il faut deux sortes de brossettes, m’a dit le parodontiste, j’applique à la lettre ses conseils, à ce prix-là, je suppose que c’est un expert).

Je dois également utiliser quotidiennement une solution anti-bactérienne (prix : environ 6 €). 


Tout cela revient fort cher, vous en conviendrez.

J’ai dû renoncer à procéder aux importants travaux préconisés par le parodontiste, comptant sur le brossage et mes soins quotidiens pour juguler la maladie.

Qui exactement a les moyens de payer des sommes aussi extravagantes pour se soigner, je me le demande.

En dehors de toute considération pécuniaire (mais avouez qu’elles ont tout de même leur importance…), le droit à la Sécurité sociale est un principe constitutionnel inscrit dans le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 et repris dans la Constitution de 1958.

Ce principe est le suivant :

« La Nation assure à tous […] la protection de la santé […]. »

Il n’est nulle part indiqué que ce principe fondateur exclut la parodontie. Je peux me tromper, bien sûr.

Je vous remercie par avance de l’attention que vous accorderez à ce courrier et vous prie d’agréer, Madame la ministre, mes salutations.