dimanche 17 mars 2013

C'est pas poli de regarder dans l'assiette du voisin !

En ce moment, il y a une espèce de polémique sur ce que gagnent certaines catégories de la population, artistes et footballeurs, par exemple.

A la base, ce genre de débat, je m'en fous un peu et surtout l'énormité des chiffres annoncés me sidère tellement qu'une partie de mon cerveau bloque, comme si les faits évoqués provenaient d'une planète très lointaine.

Sauf que l'autre jour, j'ai entendu un mini-échange à ce propos entre Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui et Alessandra Sublet sur France 5.

Jean-Pierre Bacri rappelait à juste titre la précarité vécue par les acteurs et Agnès Jaoui rabrouait la présentatrice  sur l'air de « Les présentateurs télé ont eux aussi des salaires pharamineux et personne ne leur en fait grief, alors hein, bon ! » 

Pour finir, Jean-Pierre Bacri demanda qu'on laisse les acteurs amasser de quoi assurer leurs vieux jours le temps de leur brève carrière.

C'est vrai ça, quoi, merde !

Bien entendu, personne ne réclame à C à vous de traiter les débats de fond, ce n'est pas le propos de cette émission, qui a plutôt pour vocation de détendre le chaland.

Mais tout de même : reprenons l'argument de la précarité et de la brièveté de la carrière et appliquons-le à tous les boulots précaires qui pullulent à l'heure actuelle.
 
Imaginez qu'au lieu du rituel 9,43 € de l'heure qu'on vous propose pour aller bosser dans des conditions que la pression du chômage rend de plus en plus difficiles et mortifères, on tienne compte de votre précarité, du fait qu'on va vous éjecter du monde du travail vers 45 ans, mais aussi de votre désir légitime de vous assurer un train de vie décent qui vous permette de vous soigner lorsque vous en avez besoin, de vous loger dans des conditions correctes voire agréables, de cotiser pour que vos vieux jours ne se résument pas à Canigou Ron-Ron et déprime sévère devant la télé à regarder Alessandra Sublet...

Imaginez donc que les salaires tiennent compte de tous ces paramètres : il est probable que tout le monde gagnerait correctement sa vie et on n'en serait pas à regarder dans l'assiette bien garnie du voisin en tordant le nez. 

Ça fait réfléchir, non ?

Restez calmes, c'est pas demain la veille : on va continuer à parier que la précarisation et la paupérisation d'une partie de la population (les feignants, les médiocres et les maillons faibles) est un gage de sécurité et de bien-être pour une autre partie de la population (qui bien entendu le mérite, au nom de son talent et de son travail).

Et surtout, demander à la première catégorie de trouver ça normal, voire le lui expliquer par tous les moyens.