jeudi 21 mars 2013

Ça, c'est fait...

En ce moment, comme j'en ai assez de déprimer dans mon coin, je cherche des gens avec qui déprimer et râler en groupe, histoire de rêver que de nos grogneries communes naîtra la lumière (je crois que j'ai bien fait de ne pas faire poète).

Ordoncques, depuis quelque temps, un groupe nommé Roosevelt 2012 avait attiré mon attention. Ils proposent des trucs pour sortir du merdier ambiant, dont notamment le partage du travail (c'est pas con, ça permettrait à tout le monde d'être un peu chômeur, autant partager les bonnes choses).

J'ai donc rencontré les membres de ce mouvement citoyen ce soir et  je n'ai pas été très convaincue. 

Nous étions une douzaine. Deux militants PS dont une élue, des retraitées de l'Éducation nationale, un ingénieur, un chef de projet, un employé des douanes, etc. J'étais la seule précaire et rien que ça, je me sentais un peu bizarre. La moyenne d'âge tournait aux alentours des 50 ans, sauf un jeune ingénieur de 30 ans.

J'ai commencé par dire que j'avais travaillé dans un centre d'appels, ça a tout de suite installé une ambiance terrible. Les gens de gauche, ils aiment les précaires et les pauvres. De loin. 

J'ai vite demandé ce qu'ils comptaient faire en précisant bien que les partis politiques et leur fonctionnement, ça ne m'intéressait pas du tout. On m'a gentiment expliqué qu'il était question de lobbying et de pédagogie envers les élus (car, a-t-on pris la peine de m'expliquer, ce sont eux qui votent les lois). J'ai bien aimé le petit ton un peu condescendant avec lequel tout cela me fut exposé.

J'ai tout de même indiqué que je croyais moyennement à tout ça, vu que les partis politiques avaient démontré et amplement leur incurie et que surtout ils ne représentent plus du tout le peuple. Que je n'avais pas du tout envie de rejoindre un satellite d'un parti politique. J'ai bien senti que mes questions et mes réticences agaçaient mais j'avais pris la peine de me déplacer pour faire connaissance, j'étais fermement décidée à faire le tour de la question.

Après, comme la question des moyens (lobbying et pédagogie, donc) était épuisée, ils ont débattu des prochaines actions. Et la prochaine action, c'était de défiler avec une banderole pour le ler Mai (« Oui, mais est-ce qu'on a le droit et combien doit mesurer la banderole ? »). Je n'invente rien.

Une dame a proposé de creuser la question des banques coopératives et des SCOP. Le sujet n'a pas semblé enflammer les foules. Un des gars a balayé le sujet d'un large revers de la main, après avoir affirmé que l'ADIE est un organisme qui prête 100 ou 200 euros aux chômeurs et confondu la MNEF et La Nef. Rien de plus qui m'énerve que ces imposteurs qui ne savent rien mais le disent sur un ton tel que personne n'ose les reprendre.

Armé d'un Smartphone, il pontifiait. Il semblait avoir une connaissance intime de ce qui était important et brûlait de nous la communiquer. C'était une réunion informelle, alors quand il a commencé à me parler comme un petit chef pénible, je lui ai expliqué que j'avais un peu du mal avec ses façons depuis le début de la réunion.

Le côté leader auto-proclamé qui pérore et prend les rênes du débat en main, distribue la parole, interrompt la discussion et adopte un ton péremptoire, on doit déjà l'endurer dans le monde du travail. Hors contexte, aucune raison de le subir. Un autre type a tenté de m'expliquer que je me faisais des idées et je l'ai envoyé promener : « Tu penses ce que tu veux, et moi aussi, restons-en là. » Le leader charismatique de mes fesses se l'est tenu pour dit et a mis un bémol à son numéro de pénible autocrate. Cela fait un an que le groupe se réunit, si j'ai bien compris. Si ça fait un an qu'ils supportent ce chefaillon sans lui dire de la boucler, je n'ai vraiment rien à leur dire, voilà ce que j'ai pensé.

Bref : on était très contents de se quitter à la fin de la réunion. Comme j'aime rire, en partant je leur ai dit « À bientôt ! » alors que pas du tout. 

Je crois que je ne suis pas faite pour les regroupements de gens de gauche, enfin pas celui-là, parce qu'à vue de nez, ils sont articulés selon un modèle qui ne me convient pas du tout et ils n'aiment pas beaucoup le fluo non plus...