samedi 2 novembre 2013

La naïveté, un concept qui commence à me courir sévère

Ce matin, le nez dans l'oreiller, j'ai supporté vaillamment une édition de plus de l'émission de cinéma de France Inter. C'est la dernière fois. Christine Masson évoquait un film que je n'ai pas vu (je préfère préciser). C'est donc un film qui se passe après une apocalypse, les survivants se sont regroupés dans un train. Le wagon de tête contient les riches et le wagon de queue le lumpen prolétariat. Révolte façon Spartacus.

Masson trouve le film d'une grande beauté formelle mais regimbe devant l'intolérable naïveté du propos et de la lutte des classes en général.

C'est en effet d'une naïveté sans nom de dire les choses suivantes :
  • Une ou des classes dirigeantes monopolisent la plupart des richesses.
  • L'éducation et l'organisation de la société concourent  à maintenir en place ces classes dirigeantes sous couvert d'un contrat social dont tout le monde bénéficierait.
  • Plus ça va, plus les riches s'enrichissent, et plus les pauvres s'appauvrissent.
  • Non seulement les riches voudraient que les pauvres bossent comme les esclaves qu'ils sont destinés de tout temps à devenir, mais aussi qu'ils disparaissent totalement de l'espace public et médiatique.

  • Tout le monde a les mêmes chances (ah oui, non, oups, celle-là, c'est vrai, ce n'est pas naïf, c'est tellement vrai).

Autre remarque totalement non idéologique dont le duo a le secret. C'était il y a quelque temps. Il s'agissait cette fois de Alabama Monroe, un film du réalisateur de La Merditude des choses. Delmas a sabordé le film en s'indignant : « Non mais ho, comment, quoi, c'est quoi ce film qui nous inflige de regarder quelqu'un regarder la télé comme un zombie ? On ne veut pas voir ça, ouste, du balai ! »

Ce qui est fort là-dedans, c'est la propension de ces gens à s'imaginer que leur blabla est tellement légitime. Sur sa page sur le site de France Inter, l'émission se décrit elle-même comme « prescripteur ».
 
Imaginez que lors d'une émission de radio nationale, vous dézinguez un film au prétexte que vous ne souhaitez pas voir pour la millième fois comment fonctionnent la psyché et la libido des gens des beaux quartiers ou comment vivent les familles bourgeoises françaises, vous allez voir ce que vous allez vous prendre dans le nez comme suspicion d'extrémisme idéologique et d'intolérance...