lundi 20 mai 2013

Un article imbécile : Marcela Iacub joue avec des phonèmes

Lundi matin, levée tôt, en pleine forme (encore une journée de glande, bonheur, joie et toutes ces choses), je fais un petit tour sur Internet et je tombe là-dessus : http://soupe-a-l-herbe.blogspot.fr/.
Dire que j’ai failli être une terroriste et que j’ai fréquenté un terroriste en puissance !
Après un arrêt maladie pour surmenage (boulot de dingue avec heures supplémentaires tellement supplémentaires que tous les quotas étaient largement explosés) qui a duré presque deux mois, lorsque je suis retournée bosser, mes collègues ont assisté au  calvaire que m'avait concocté ma chef sans broncher et sans à aucun moment m’apporter leur soutien. 

J’étais tellement persuadée que j’avais tort d’avoir été malade (!) que j’ai accepté qu’on me refile un boulot largement en dessous de celui pour lequel j’avais été embauchée. On m’a virée de mon bureau et j’ai dû travailler sous le regard tout sauf bienveillant de ma chef qui m’appelait la Ménopause, ha ha ha ha !
J’ai tenté de me débattre, couverte d’eczéma et les yeux bouffis par le manque de sommeil, à force de chercher nuitamment des échappatoires et des solutions, de me morigéner, de me dire que tout cela était de ma faute. J’ai pensé au suicide. Un jour, j’ai décidé que ça allait bien, que si mes collègues n’étaient pas capables de comprendre que mon absence n’était due ni à la complaisance d’un médecin ni à ma grande fainéantise mais bel et bien à une organisation débile qui m’avait pressurée au point de me rendre malade, je n’allais pas y laisser ma peau. J’ai contacté le médecin du travail et j’ai demandé comment faire pour me sortir de ce bourbier et me protéger. Le médecin du travail m’a déclarée inapte à tous postes dans cette entreprise pour danger grave et imminent (renseignez-vous, c’est une procédure d’urgence, qui indique que la vie du salarié est en danger potentiel du fait de son travail). J’ai quitté cette entreprise de merde et un CDI, pour affronter le monde glacial de la recherche d’emploi, à plus de 40 ans, je ne vous fais pas de dessin.
J’ai toujours effectué mon boulot consciencieusement et je le regrette : la bonne foi, avec certains, confine à la connerie.
J’aurais dû refuser ces heures supplémentaires inhumaines, refuser le boulot de merde qu’on m’a imposé à mon retour d’arrêt maladie, refuser de travailler sous l’œil goguenard de ma chef qui m’avait promis la malemort à mon retour et organiser une action collective pour que mes droits soient respectés et mes conditions de travail normalisées. 

Sauf que je ne voulais pas perdre mon boulot. 

Je sais, c'est con. 

Dans la PME toxique (en fait une grosse structure scindée en plusieurs entités histoire de décourager la représentation syndicale) que j’ai fini par me résoudre à quitter, ma réputation de feignasse est bien établie : long arrêt maladie + inaptitude (peu importe qu’elle ait été prononcée pour danger grave et imminent) = j’aurais dû continuer à aller travailler en ignorant les recommandations de mon médecin, après tout, je risquais juste un AVC. J’aurais dû rire quand mes collègues ne me parlaient plus et me traitaient comme de la merde, quand on considérait le fait que j’avais subi un long arrêt maladie comme une donnée tout à fait négligeable, quand on me recommandait de trouver une solution et qu’on me regardait m’engluer chaque jour davantage sans broncher et sans moufter, comme si je méritais le sort qui m’était fait. J’aurais dû prendre du recul, ne pas prendre tout cela à cœur et ne pas me prendre la tête. Finalement, c’était peu de chose, juste ma vie.
Quand j’ai porté la chose devant les prud’hommes, avec carnet de mes heures supplémentaires illégales (j’étais de bonne foi et je n’ai pas conservé assez de preuves, on devrait toujours penser au pire) et copie de mon dossier médical à l'appui, j’ai été déboutée. Trois de mes collègues se sont déshonorés en fournissant sur commande des attestations sur mon compte (problèmes personnels, dépression, etc.). Au passage, l’avocate de mes anciens employeurs s’est bien lâchée, me traitant de tous les noms  et m'accusant de tous les maux, limite diffamation et mon ancien employeur n'a pas hésité à fournir des faux grossiers (relevé de pointeuse trafiqué et échanges de mail bidons) que les juges se sont empressés de ne surtout pas examiner d'un œil critique (renseignez-vous aussi sur la procédure prud’homale : pas d’enquête, uniquement un débat contradictoire, une vraie escroquerie).
Depuis cette aventure, j’ai un peu de mal avec les CDI, mais je dois reconnaître qu’ils ne se précipitent pas non plus : j’enchaîne les CDD et les contrats d’intérim. J’ai également renoncé à trouver un boulot à mon niveau de compétence et de formation.
C'est comme ça que je me suis retrouvée dans un centre d'appels. 

S., un collègue qui venait d’y être promu manager, a été harcelé par ses collègues, déjà largement identifiées comme toxiques (courriers d’alerte, réunions, etc.) sans que rien n’ait été fait pour les rappeler à l’ordre. Ces deux cinglées s’en étaient également prises à moi et j’avais dû m’arrêter pour poussée hypertensionnelle, stress et insomnie. Nous avons récupéré S. un soir totalement à côté de ses pompes. Il avait appelé D., une de mes collègues, pour lui annoncer qu’il allait se suicider. Quand nous avons porté le pet auprès des instances représentatives du personnel, D. et moi, leur réponse fut : problèmes personnels et fragilité de S. 

Si nous avons pu sortir S.  de ce merdier avec D., c’est que nous étions deux employées précaires, que nous ne tenions pas plus que ça à notre boulot, qui nous permettait uniquement de gagner notre maigre pitance et que nous n’en avions rien à faire de rentrer en conflit ouvert et musclé avec nos employeurs.
S., lui,  a dû renoncer à son CDI et faire le deuil de son boulot (il était employé depuis trois ans par ce centre d’appels et donnait toute satisfaction, comme on dit). C’est lorsqu’il a compris qu’il lui faudrait quitter son boulot pour s’en sortir qu’il a repris le dessus et réussi à négocier convenablement son départ.
J’ai aussi travaillé en CDD (8 à la suite) au service correction d’un journal dans lequel régnait une ambiance mortifère, avec harcèlement et management par la terreur. Syndicat hyperpuissant à la manœuvre. Nombreux CDD tous azimuts, je ne détenais pas le record, loin de là.  Un de mes collègues était en dépression. Syndicat et représentants du personnel alertés. Une des personnes qui pratiquait le harcèlement faisait partie des délégués du personnel et jouissait donc d’une parfaite immunité. Réaction du syndicat au moment où collectivement nous avons demandé une réunion de médiation : « Il ne faut pas attiser le feu. » Un des barjots harceleurs s’est comporté avec une violence verbale inouïe lors de cette réunion, il a reconnu avoir agressé un de ses collègues dans les chiottes, mais le syndicat n’a pas réagi.
J’ai appris que les deux manageurs chtarbées du centre d’appels ont fini par être virées, après un autre incident et le refus d’employés en CDI de travailler sous la férule de la plus folle.
Dans tous les autres cas, les responsables des situations anormales et illégales ont conservé leur poste.
Le deal est simple : le boulot est difficile à trouver, surtout dans certains secteurs : soit tu te soumets et tu te couvres de croûtes sans nous déranger avec tes gémissements soit tu te casses.

Qui sont les terroristes ?
PS : Lors de mes aventures dans le monde du travail, j'ai eu droit au management par la terreur sous toutes ses formes et dans un paquet d'entreprises. A force de refuser de travailler dans ces conditions, je vais finir par ne plus du tout trouver de travail. J'ai entendu un patron dans la salle d'attente des prud'hommes proposer d'établir une liste noire des salariés qui font appel aux juges, histoire de rétablir la paix sociale.
Autre chose : les arrêts maladie liés aux problèmes de management dans les entreprises sont très mal vus par la Sécu. Comme dit mon médecin, ne dites pas la vérité au médecin de la Sécu, dites plutôt que votre mari vous tape dessus et que votre vie conjugale est un enfer, parce que la Sécu ne veut pas que ça lui retombe sur les endosses et le portefeuille, ces bêtes histoires.
Elle a une solution, Madame Iacub, dans son bunker capitonné ?
Elle a envisagé une solution pénale, par exemple, on déterre les morts et on les passe en cour martiale, histoire de faire passer le goût du pain à ceusses qui auraient des velléités d'attenter à leurs jours ou de développer des maladies professionnelles ?
C'est tout, vous pouvez fumer et gober vos antidépresseurs !