samedi 10 janvier 2015

Groupusculaire, vous avez dit groupusculaire ?

Ces derniers mois, j'ai essayé de porter ma colère et mes questions auprès de différents groupes et associations clamant leur amour de l'autre et leur volonté farouche et déterminée de faire advenir un monde meilleur.

J'avoue, je n'ai pas le look. 

C'est un tort : pour changer le monde, il faut afficher la panoplie correspondante et idoine. Si tu n'as pas de béret étoilé sous la main, va faire un tour dans le bar associatif de ton quartier pour t'informer des dernières tendances. 

Il y en a un par chez moi où se pratiquent ardemment le yoga et la communication non violente, où on mange bio, éthique et local et où le moindre alien qui tente de rompre l'entre-soi est férocement dévisagé et découragé de s'immiscer dans ce petit monde où l'on pense juste et bien.

Une fois abandonnés à leurs mimiques niaiseuses ces nouveaux Tartuffe, j'ai tenté de rejoindre un autre café associatif. J'avais envie de débattre et de m'exprimer, mais j'ai vite compris qu'il était mal vu de poser des questions, qu'il fallait écouter les détenteurs de la parole sacrée nous dispenser leurs lumières, comme à la télé, sauf qu'en plus il fallait se geler le cul et se péter le dos et les genoux sur des sièges inconfortables. 

J'avais un peu remué quelques questions dans mon coin mais je n'ai pas été ravie par le niveau des débats, certains se contentant d'asséner des noms d'auteurs sans jamais émettre un avis un peu consistant. Sans compter les egos protubérants et encombrants, cela va de soi.

Les débats ressemblaient surtout à des joutes oratoires au cours desquelles les gens s'écoutaient parler et tentaient d'humilier par leur flamboyante capacité à moudre du vent tout contradicteur.

J'ai fini par écouter mes lombaires et mes ménisques et renoncé à exposer ma non-conformité aux regards méfiants et aux discours formatés.

Aujourd'hui, je crois que j'ai fait le tour de la question : je reviens d'une réunion soi-disant ouverte à tous à propos des intermittents et des précaires où je me suis sentie accueillie à peu près comme le lépreux agitant sa crécelle.

Ils se connaissaient tous et toutes et on sentait que ça leur faisait plaisir, cette connivence. Ils se tenaient bien chaud. Au point qu'ils ne pouvaient pas ouvrir le cercle pour m'accueillir et me dire bonjour. Je me suis arrachée vite fait. 

On ne m'y reprendra plus.

J'ai quand même dans l'idée que ces tactiques systématiques n'aident pas à réduire le bordel ambiant.