mercredi 5 février 2014

Échange boulot très chiant et mal payé contre sinécure grassement rémunérée avec avantages à chier partout. Annonce sérieuse.

7 heures au téléphone à raconter la même chose, ça laisse le temps aux pensées de vagabonder, aux questions de tourner tandis que la pendule fait son boulot benoîtement dans le coin gauche de l'écran de l'ordinateur. 

Le temps de travail est organisé en session de deux heures ou une heure et demie de travail ("blablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablabla")
avec une pause de quinze minutes entre chaque session. 

Je fuis les pauses : j'ai arrêté de fumer et tout le monde se précipite dehors pour téter goulûment sa clope, tandis que je résiste vaillamment à la tentation d'aller sniffer toute cette bonne nicotine et toutes ces non moins délicieuses cochonneries qui flottent dans l'air. Et puis les discussions sans fin sur le nombre de ventes et est-ce que les primes seront payées, ça m'épuise. 

C'est fou comme c'est l'aventure, la vie sur les plateaux téléphoniques, un monde bourré d'inconnues incertaines et mystérieuses, du genre est-ce que si je cartonne au niveau de mes ventes, j'aurai autant d'argent qu'on me l'a annoncé.

La vie au turbin devient de plus en plus compliquée, et le salaire un sujet sans fin d'expectatives et de supputations.

Les plus méritants et les plus efficaces à pulvériser les objectifs tirent des tronches de trois pieds de long lorsqu'ils reçoivent leur fiche de paie : « Comment ça, je vends comme un mongolien pour me retrouver avec à peine plus du SMIC ? »

Certains de mes collègues, qui s'étaient déjà construit veaux vaches cochons couvées et toute la smala, redescendent brutalement sur terre et se demandent si par hasard on ne leur aurait pas vendu du rêve : ils ont quitté d'autres plateaux ou d'autres boulots pour celui-ci et au final, c'est pour toucher exactement le même salaire, avec un boulot difficile (le fichier n'est pas qualifié et on tape dans le dur du dur en pratiquant de la vente en un temps, les forçats du casque apprécieront), beaucoup de blabla émotionnel mais pas beaucoup de reconnaissance sonnante et trébuchante... et l'impression de moins en moins fugace qu'on nous prend en prime pour des gogos. 

Le travail, c'est décidément l'alpha, l'oméga et tout le tralala !